Je suis née dans un pays en guerre, raconte Carole, mais on a eu une enfance assez rigolote, car j’avais la chance d’avoir une famille cool et une mère inconsciente, qui nous emmenait à la plage plutôt que dans les abris.
Un jour, je devais avoir cinq ans, on rentre après une journée à la mer et je descends rejoindre au parking de la maison les voisins de mon âge. Ils jouaient avec des Petsecs, les pétards à jeter. Pah ! Ils les lançaient par terre, pah pah pah ! Moi je les regardais, assise sur le dos d’une voiture, les jambes dans le vide. Un des garçons lance un Petsec et là ça ne fait pas pah ! mais un énorme vacarme, et j’ai cette sensation merveilleuse de cette voiture qui se met à vibrer et me stimule le corps, comme de grosses chatouilles agréables.
L’obus était tombé à quelques mètres de nous. Deux de mes camarades ont eu les jambes coupées.
Son en français dans dossier Liban 2016/Beyrouth: Carole Ammoun, Mon obus de jeunesse