Le barbu n’était pas là pour acheter des livres. Il a fait les gros yeux, s’est présenté comme un huissier-notaire travaillant pour la police, a menacé le patron de la librairie Mille feuilles et exigé qu’il retire de la vitrine de cette rue passante cet affront à la morale: Femmes au bain, de Jacques Bonnet, vendu 107 dinars.
Le patron a déposé une main courante au commissariat. Les policiers lui ont assuré qu’ils connaissaient l’agresseur, et qu’il ne serait plus dérangé.
Quelques jours plus tard, une femme a acheté le Jacques Bonnet. Et la semaine suivante, ayant appris l’histoire de son beau livre de peinture orientaliste, qui avait fait le tour de La Marsa, elle est revenue rendre le livre, afin qu’ils le remettent en vitrine.
Cette histoire vraie, que m’a raconté la libraire Amina Hamorouni l’autre soir, le journal L’Economiste du 25 Janvier 2012 s’en fait l’écho:
http://leconomistemaghrebin.com/article,la-librairie-mille-feuilles-va-deposer-une-main-courante-a-la-police,692,9.htm )