Histoires vraies du Haut-Jura

Le parapente maudit, par Sylvie

5 décembre 2021

Temps de lecture : 4 minutes


Une histoire collectée en 2021.

 

Transcription de l’histoire audio

Il fut un temps, j’avais super envie de voler : c’était un rêve. J’étais beaucoup plus jeune et j’ai eu l’occasion avec une copine et un copain d’aller à un baptême de parapente, au-dessus d’Annecy. Il y avait une journée d’initiation au parapente. On était trois et on s’est dit qu’on allait y aller, donc on est arrivés à un sommet ce sommet je crois que c’était le sommet du Semnoz, si je me souviens bien. En tout cas, au sommet il y avait des gens qui nous ont accueillis. Je me souviens qu’on était plusieurs, on était un petit groupe à avoir envie d’essayer le parapente. C’était pas en binôme, on allait se jeter tout seul. Je vous explique pourquoi.

En fait, d’abord on a attendu un petit peu parce qu’il y avait un peu de vent. C’était au début du printemps, donc en fait il y avait encore de la neige. Mais en tout cas, quand on était au sommet, on voyait le bas. On prenait le vol tout seuls parce qu’on était équipés d’un talkie walkie et il y avait une personne de l’association qui organisait cette journée qui avait aussi un talkie walkie et qui restait au sommet. D’autres gens de l’association étaient en bas, où on devait atterri. Donc voilà, il y avait déjà eu ce temps d’attendre parce qu’il y avait du vent, donc on attendait et puis je crois qu’il y a des personnes qui sont passées avant. En tout cas, quand ça a été mon tour, je suis passée la première de nous trois. En parapente, on a les bras levés, on prend le temps que la voile se gonfle, on prend le vent. Et puis après, on est très proches du vide donc on fait trois pas puis on y va. On voyait où on devait arriver en bas.

J’ai pris un petit peu d’élan, trois pas et dans le vide. Ils nous avaient aussi indiqué que puisqu’on avait ce talkie walkie, on avait des instructions qui nous arrivaient dans le talkie walkie. Donc j’étais avec mon parapente dans l’air et puis je volais : c’était assez chouette. Mais au bout d’un moment, il n’y avait rien dans mon talkie walkie : j’entendais strictement rien. Je voyais que je commençais à me déplacer, que j’allais pas en direction de l’endroit où on devait atterrir. J’allais sur la droite et puis il y avait quand même des fils électriques. Là, ça a commencé à être un peu stressant, là, pendue là-haut. Et puis d’un seul coup dans le talkie walkie j’entends : « Elle t’entend pas, elle t’entends pas ! ». Ouah ! Ça a été hyper rapide dans ma tête, j’ai compris que j’entendais pas les instructions du gars qui devait me commander parce qu’en fait il nous avait dit : « Je vais te dire tire ton bras à droite, tire ton bras à gauche pour te diriger. Je vais m’occuper de ça. ». Et là j’ai paniqué, j’ai paniqué parce que je me décalais. J’ai tiré un coup sur les manettes, un coup à droite, un coup à gauche, enfin j’en sais plus rien. Mais je me suis affalée, vraiment je suis tombée comme un sac à patates. Je suis vraiment tombée, et là j’ai eu de la chance parce qu’il y avait la neige. J’étais pas non plus à une altitude super haute, je suis tombée dans la panique brutalement. Pas de blessure, rien du tout. Ils viennent vers moi, je remonte sur le sommet et tout, ils me rattrapent.

Je n’étais même pas à mi-pente. Je n’étais pas allée loin mais complètement désorientée, détournée du but. Ils me disent : « Tu veux recommencer ? ». Je dis : « Ouais ouais ! Je recommence ». Donc j’y vais et me voilà repartie. Et là j’entends bien les instructions, je vois où on devait aller, je m’approche. À un moment donné, ça se rétrécissait et on devait passer, il y avait des arbres mais bon c’était quand même large. J’y vais, à un moment donné j’arrive au milieu de la pente, je commence à arriver vers le bas. Et là je vais droit dans le sapin. J’ai mis mes pieds, j’ai tendu mes jambes et je suis arrivée dans le sapin. J’étais accrochée, j’avais le parapente, la toile qui était emmêlée dans les branches mais j’étais pas haut non plus. Ça a été pour moi l’horreur parce qu’en fait je me suis retrouvé accrochée dans les branches, mais à 20 cm du sol quoi. La honte, la honte ! J’étais même pas arrivée en bas, j’étais accrochée cette fois-ci dans les branches à 25 centimètres du sol. C’était presque fini quoi, ils sont vite remontés vers moi : « Ça va ? ». – « Oui oui, ça va ! »

Mais ils étaient super en colère d’avoir encore raté. Donc j’étais empêtrée, accrochée, pendue. Ils me disent : « Bon, on va t’aider à sortir ! ». Comme c’était emmêlé dans les branches, les gars de l’association me disent : « On va casser la branche, parce que là c’est emmêlé ». Ils se pendent à la branche, moi aussi j’accroche la branche puis 1-2-3, la branche casse et je me la prend sur le visage. En fait, bon ça va ce n’était pas grave. Je me dépêtre du harnais puis je m’en vais pas fière de moi, même un peu vexée, un peu vexée de m’être trouvée comme ça. Pour finir on m’a raccompagnée au sommet, les deux copains sont passés comme une lettre à la poste, ils ont fait une superbe descente et moi j’ai quand même fini à l’hôpital d’Annecy où il a fallu quand même le recoudre la joue.

Sylvie