Histoires vraies du Dedans

Mon oncle Florin, par Matei

16 mai 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Cette histoire est tirée du volume 1 des Histoires vraies du dedans dans le cadre des ateliers menés en 2015-2016 dans les centres pénitentiaires des Baumettes à Marseille et Toulon-La Farlède, le centre de détention de Tarascon et à la Valentine, dans l’établissement pénitentiaire pour mineurs.

 

J’ai un oncle, il s’appelle Florin, lui j’y tiens, c’est lui qui m’a vraiment élevé, et il est pas handicapé comme les gens peuvent le croire. C’est juste qu’il travaille comme un dingue, peu importe où vous le mettez, aux vaches, aux moutons, ça ne compte pas. Aujourd’hui encore, il va chez les gens, il coupe du bois, il fait ceci ou cela… Non, il est pas handicapé, parce que s’il l’était, peut-être qu’il tuerait les gens dans la rue, or il a un jugement très sain, il travaille chez les gens, il gagne des sous, il rentre chez lui, il coupe du bois, il nourrit ses bêtes. Sauf quand il a trop bu, alors c’est la rigolade, il dit des bêtises… C’est un homme, quand je lui disais : « Va te laver un peu », il répondait « Je chauffe pas de l’eau » et il se lavait à l’eau froide, en plein hiver ! Il posait un bocal dehors et quand le bocal était rempli, il le versait sur lui et il faisait un grand hîsssh ! C’est lui et mon grand-père qui m’ont élevé. Aujourd’hui encore, il chante, il boit, il est un peu, comme ça…

Lorsque j’étais petit je le cherchais : quand il dormait, je lui enlevais son oreiller et je le remplaçais par des bûches ! Il avait très peur des pétards et des rats. On attrapait des rats et on les lâchait dans la maison ! Il tombait de peur ! Les pétards, l’hiver, on en mettait dans ses bottes !! Si vous saviez combien de fois j’ai encaissé la raclée !! J’étais pas sage non plus, je l’insultais, je lui crachais dessus… Mais aujourd’hui, quand il va derrière la maison pour se laver dans sa bassine, les gens le prennent en photo et se moquent de lui et le mettent sur Facebook… Et ils font ça aussi quand il va pleurer sur la tombe de sa mère.

Matei, Tarascon 2016. Traduit du roumain par Laure Hinckel.