Histoires vraies du Dedans

Du champagne dans la tombe, par Mişelule

2 mai 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Cette histoire est tirée du volume 1 des Histoires vraies du dedans dans le cadre des ateliers menés en 2015-2016 dans les centres pénitentiaires des Baumettes à Marseille et Toulon-La Farlède, le centre de détention de Tarascon et à la Valentine, dans l’établissement pénitentiaire pour mineurs.

 

Aujourd’hui je veux vous raconter l’histoire de la mort de mon père. Mon père est mort le 10 octobre 2013 et il existe chez nous une tradition, le temps que nous conservons le mort à la maison, pendant trois jours. On appelle ce moment la veillée funèbre, on dit priveghi. De très nombreuses personnes viennent à ces veillées, et parfois de loin.

Et nous avons une autre tradition qui veut que sur le mort nous déposions des objets. Et nous, on a mis des cigarettes, des sous, du champagne, des téléphones, c’est-à-dire tout ce qu’il faut à un homme dans sa vie.

Chez nous, il y a encore une tradition qui veut qu’en chemin pour le cimetière, au coin de la rue, au dernier carrefour, on jette en l’air, pardessus la tête, de la petite monnaie. Je ne sais pas pourquoi. Puis on va porter la troisième et dernière pannikhide1 et on les refait à 9 semaines, à six mois et à un an et si on veut on peut poursuivre et faire des pannikhides chaque année. Pour mon père, on a fait celle des deux ans. Il vient d’y avoir deux ans, ça fait deux ans en octobre. Et je ne sais plus quoi vous dire au sujet de cette histoire. C’est difficile de parler de ça !

Mişelule, Marseille 2015. Traduit du roumain par Laure Hinckel

: Les repas, banquets et plats rituels offerts par les familles des défunts lors d’un enterrement, mais aussi lors des cérémonies de bonne mémoire qui se répètent à intervalles fixes.