Une histoire recueillie à Saint-Étienne-les-Orgues, à la papèterie Mosca.
“ Durant ma jeunesse, j’étais en CM1 ou CM2 et on avait un maître qui était passionné de reptiles et de cactus. Quand on allait au tableau, on avait l’habitude d’écrire à côté de l’iguane d’1m50, la queue enroulée au petit crochet qu’il y avait sur les anciens tableaux. Il y avait aussi des vipères, des tortues. Le maître, c’était quelqu’un de très, très gentil. Nous, on était dans notre élément parce qu’à la place de faire interro de maths, on allait surveiller la ponte des tortues, c’était quelque chose ! Quelquefois on mangeait chez lui et l’iguane était à table avec nous. Il savourait sa banane.
Le lactaire délicieux, un champignon aussi appelé sanguin ou pinin.
Au mois d’octobre/novembre, on allait faire lecture dans les bois. On était obligé, c’était fortement conseillé, d’apporter un sac en plastique parce que c’était l’époque des sanguins, ce qu’on appelle chez nous le pinin. Donc on commençait à lire, c’était au-dessus de la gendarmerie maintenant, c’était pas construit. Il y en avait toujours un qui suivait 2 minutes et qui allait voir s’il n’y avait pas des pinins dans les bois. Et donc au bout de 5 ou 10 minutes de cours, monsieur Legrassier disait : « On ferme les cahiers et opération pinins ! ». On ramassait les pinins et le soir on les avait à manger pour nos grands parents. C’était une autre époque.
Ça a pas trop plu à l’académie d’Aix-Marseille et ça a fini par venir à ses oreilles. Donc quand on était en CM2, il est venu quelqu’un de l’académie qui nous a fait passer un test pour savoir si on était aptes à aller en 6ème. Parce que, autant on était calés sur tout ce qui était cactus et animaux, autant sur le reste…
Et le jour où un bocal de vipères aspic s’est répandu dans la classe, tout le monde était sur les tables, ça a fait un peu vinaigre. Il a fini, aux dernières nouvelles, au fin fond de la forêt amazonienne, mais ça fait des années qu’on a plus de nouvelles. ”
Jeff