Histoires vraies de Haute-Provence

Le pays de Forcalquier, par Patrick

13 février 2021

Temps de lecture : 3 minutes


Une histoire collectée le 16mars 2018 à Ongles

Transcription de l’histoire audio

Je vais rencontrer un petit peu pourquoi on est là. Pourquoi on est dans le pays. La première fois qu’on est arrivés c’était en 1973, donc il y a quand même quelques années. Mon épouse travaillait dans un bureau à Marseille parce qu’on habitait Marseille, on est Marseillais, on habitait la ville. On voulait faire un week-end de fin d’année, de réveillon et mon épouse a posé la question à une collègue en lui disant : « Je sais pas où aller ».

Les parents de cette personne habitaient Mane, donc elle l’a conseillée : « Écoute si tu veux passer un bon week-end ou voir du pays, je te signale qu’il y a des jolis coins dans le pays de Forcalquier ». On est donc venus à Forcalquier, on a pris le car parce qu’il partait de Marseille et allait à Forcalquier c’était très intéressant. On est allés à l’hôtel des Quatre Reines qui n’existe plus à Forcalquier, c’était en descendant le boulevard Bouche. On a passé 3-4 jours merveilleux, puisque premièrement il faisait très beau : on s’est baladé dans la nature, on a fait des parcours à pied, on est allés jusqu’à Saint-Michel-l’Observatoire en prenant des sentiers. On a découvert la nature, c’était merveilleux pour nous. On n’avait jamais vu de si belles choses : le soleil, la nature, le thym, ça sentait bon, et puis on a été vraiment séduits par la qualité du paysage et des gens. Je me rappelle à Saint-Michel des gens, ils parlaient provençal, on s’était arrêtés au café en faisant une pause pour attendre le car qui retournait à Forcalquier. Voilà, on s’est retrouvés dans le bain, d’une atmosphère prestigieuse, pour nous venant de la ville c’était agréable.

Donc ça s’est passé comme ça, on est retournés et puis on a dit : « Ben ce qu’on va faire, c’est qu’on va revenir ». Donc on avait acheté une vieille 2 CV avec les anciennes portes. On avait notre enfant, notre premier enfant [Sa femme lui chuchote : « On en a qu’un… »], notre seul enfant [Rires dans la salle]. Il n’y en a pas d’autres ! On est venus en 2 CV et on a campé à Fontienne, on avait demandé à quelqu’un si on pouvait s’installer là où il y avait une source à côté. On a passé encore des moments merveilleux, c’était au mois de mai. Et puis on s’est dit, puisqu’on avait un petit peu d’économies car on a travaillé tous les deux : « Bon ça serait pas trop mal si on trouvait une petite maison, quelque chose pour pouvoir venir passer des vacances. »

On a visité plusieurs choses qui nous plaisaient mais c’était pas dans nos moyens. Il y avait de belles choses, je me rappelle vers Dauphin il y avait une maison avec une bergerie voutée en pierre, c’était magnifique ! Le gars avait restauré un petit peu en haut, mais on n’avait pas les moyens. Donc on est arrivés là, à Ongles, au rocher d’Ongles dans un semblant de maison je dois dire. Elle avait que quatre murs [Sa femme : « Trois murs ! »], trois murs et un demi-toit. Par contre il y avait un joli terrain, ce qui nous convenait et donc on était un peu irréfléchis étant donné le nombre de travail qu’il y avait à faire ! Mais on s’est dit : « Oui, on y va ! ».

Le rocher d’Ongles. Crédit.

 

Il faut dire que le pays est vraiment extraordinaire, on est installés ici depuis 1976. On venait pour les vacances scolaires ou les week-ends et puis on n’a jamais voulu mettre la télévision chez nous. On vit sans la télévision, on écoute la radio, on écoute les disques, on lit – on a beaucoup de livres, et on balade. On peut faire chaque fois le même parcours en balade autour de nous et chaque fois on trouve du plaisir à découvrir des choses. Une fois il y a le berger avec ses moutons, une fois il y a des floraisons, une fois il y a les arbres qui bourgeonnent et il y a les couleurs d’automne. Il y a vraiment des choses à capter qui sont importantes pour ressentir les choses. Au fur et à mesure, on a bâti la maison, on a agrandi un peu parce que c’était un peu réduit : on a fait des pièces supplémentaires. On a vécu comme ça et depuis 2001 on vit carrément ici, on a laissé tomber la ville.

Patrick