Histoires vraies de Haute-Provence

Parler aux abeilles, par Martine

7 février 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Une histoire recueillie à Lardiers.

C’est une histoire d’amour un peu différente des autres. J’habite Saint-Génies, à Lardiers, et pendant trois ans j’avais un essaim d’abeilles dans la toiture. Il était inoffensif, on était contents, on avait nos abeilles. Et puis un jour, elles se sont imaginées de rentrer dans la maison à travers le toit dans la cuisine. On se faisait piquer, on n’en pouvait plus. On s’est dit : « Il faut faire quelque chose ! » C’était invivable à l’intérieur de la maison !

Un soir au printemps, on mangeait dehors et j’ai dit : « Bon maintenant on n’en peut plus, qu’est-ce qu’on fait ? Il faut absolument que ce soir, tous les quatre, vraiment avec notre âme et conscience, avec toute la force qu’on a, on parle aux abeilles et on leur dise qu’on n’a pas le choix, c’est un ultimatum : si vous ne partez pas, on fait venir quelqu’un et on vous tue. »

J’avais appelé des apiculteurs,  mais aller récupérer un essaim dans les toits c’est quelque chose d’abominable : il faut tout casser ! C’était pas possible. Tous les apiculteurs m’avaient dit : « Moi je peux pas ! »

Le lendemain matin, mon voisin qui est à 300 m vient me chercher : il avait besoin d’un coup de main. Je vais chez lui, sa maison est orientée du côté où les essaims passent au mois de juin, c’est vraiment un passage des essaims. Alors il a toujours une ruchette en attente pour les attirer.  Donc  j’étais avec lui et je me dis : « Mais qu’est-ce que c’est que ce bruit ? Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? » Je vais voir la ruchette : il y avait un essaim qui était en train de rentrer. Je me dis que c’est pas possible ! Comme j’étais qu’à 300 m de la maison, je rentre et plus une abeille, plus une seule abeille ! On est montés sur le toit, on a surveillé pendant un jour, deux jours, trois jours… Plus une abeille. Ça fait deux ans qu’elle sont parties et qu’elles ne sont pas revenues.

On avait vraiment passé la soirée à leur dire : « Si vous ne partez pas, on n’a plus de solutions, on vous extermine. » Et c’est fini, ça a marché. Elles sont parties. 

Martine