Histoires vraies de Haute-Provence

Retour en Arménie, par Martine

31 janvier 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Une histoire recueillie à Sigonce.

Le camp Oddo des réfugiés arméniens à Marseille

Je suis née à Marseille et mes grands-parents vivaient à Saint Antoine, un quartier arménien. En 2016, j’ai eu la joie d’aller en Arménie pour la première fois de ma vie.

Je suis allée voir ma tante, la dernière de la fratrie de mon père, pour lui poser des questions sur mes grands-parents. Je voulais savoir si j’avais encore de la famille, et mes réelles origines par rapport à l’Arménie. J’ai appris que mes grands-parents venaient de Césarée, qui est maintenant en Turquie, c’était donc hors de question d’y aller. Je n’avais qu’une semaine et c’était pas possible de faire l’Arménie et la Turquie.

J’ai eu aussi l’information que mes grands-parents étaient arrivés à Marseille dans un camp de réfugiés qui s’appelait le camp Oddo. J’ai tapé sur internet et, bonheur, j’ai trouvé une multitude d’informations car tous les émigrés qui sont passés par ce camp y sont répertoriés. Il y a leur date d’entrée, leur âge à l’arrivée et leur date de sortie. J’ai donc cherché mon nom et j’ai appris que mon arrière-grand-père était arrivé avec mon grand-père, et qu’il y avait aussi un frère de mon grand père. Chacun avait son matricule et dessous, il y avait par exemple marqué : « Parent avec le 480 ». J’ai fait des liens et j’ai appris que mon père était né dans ce camp, tout comme l’un de mes oncles. J’ai relevé tout ça et je l’ai donné à ma tante qui n’était pas du tout au courant : elle était ravie d’avoir toutes ces informations. Elle m’a dit qu’on ne parlait pas du tout de ce qu’il s’était passé en Arménie, et ses parents ne lui ont jamais raconté leur arrivée en France. Il fallait oublier et mettre de côté.

J’ai eu le bonheur d’aller en Arménie, dans mes origines, dans les odeurs, la cuisine de ma grand-mère. J’ai eu cent fois la chair de poule de voir ce qu’étaient mes racines réellement. Je suis la seule à avoir fait ce retour aux sources et pour moi, c’était important. J’ai 50% de sang arménien. Et, ma tante m’a dit : « Il faut que tu trouves un arménien parce que ce sont les meilleurs. »

Martine