J’ai la gorge nouée, le cœur serré. Je devrais normalement être heureuse d’être sur le chemin de l’aéroport, euphorique de rentrer définitivement chez moi, de retrouver les miens, ma famille, mes amis d’enfance …Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraitre, je suis triste. J’ai du vague à l’âme, j’ai envie de pleurer. Il y a de cela maintenant cinq ans que je suis en Tunisie. Et pourtant j’ai l’impression que c’était hier ; hier que je suis arrivée ici. Je me rappelle de ce soleil luisant et de cette Tunisie en miniature que j’admirais depuis les hublots de l’avion. Elle semblait luire, scintiller, briller de mille feux sous les rayons du soleil méditerranéen, comme pour me souhaiter la bienvenue. Quoique l’on puisse dire c’est ici que j’ai grandi, la Tunisie a été une école pour moi. Certes j’y suis venu pour étudier l’architecture, mais c’est avec la société Tunisienne que j’ai réellement acquis la personnalité que j’ai aujourd’hui. Société qui est somme toute contradictoire, en fait la Tunisie en elle-même est contradictoire. Cependant elle me manquera avec ses qualités et ses défauts. Les insultes racistes dans le métro et dans la rue, l’accueil chaleureux des familles tunisiennes, la salade mechouia, le harissa, les milles et une recettes de tajine que j’adore me manqueront. Les cafés en quantité industrielle répandus dans tous les recoins de la Tunisie et qui sont étrangement toujours bondés, le climat hors du commun qui change parfois jusqu’à quatre fois dans une même journée, l’hiver humide avec ses longues et interminables nuits sans chauffage, durant lesquelles la fraicheur me pénétrait les os me manqueront. Et le meilleur pour la fin : l’été, les vacances et les mariages qui s’y déroulaient, leurs musiques de festivité qui nous empêchaient de dormir. Les plages bondées de touristes, le soleil, les festivals d’été, la cadence des danses orientales…Tant de choses me manqueront ! Je ne saurais toutes les citer. Mais, comme il y a toujours une exception tout me manquera sauf l’odeur de la cigarette. Étant donné que, si je ne m’abuse, plus de la moitié de la population fume. D’ailleurs c’est la première chose qui m’a choquée à l’aéroport : le policier qui fumait à côté d’un panneau non-fumeur !
Cependant c’est tout cela la Tunisie : un mélange explosif qu’on aime ou qu’on n’aime pas. Seulement moi je l’ai détestée, pendant longtemps. Pour finalement me rendre compte, qu’au fond je l’ai toujours aimée. N’est-ce pas cela un des nombreux mystères orientaux ?
Le retour
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