Je suis la cadette d’une famille de cinq filles. Mes parents étaient pauvres. J’ai passé une enfance très malheureuse. Mon père a quitté ma mère pour se marier à une deuxième femme. Quand j’étais petite, je pensais qu’il avait fait ça à cause de la laideur de ma mère. Son visage était déformé. Elle avait des cicatrices dues à des brûlures partout.
Elle travaillait comme femme de ménage dans une école proche de chez nous pour soutenir la famille. C’est dans cette école que j’ai passé mes années de collège. Je n’ai pas aimé ça du tout mais je n’avais le choix. Je faisais tout pour éviter de croiser ma mère. Elle savait cela et elle-même m’évitait aussi. On faisait semblant d’êtres des inconnues.
Un jour, pendant la récréation, alors que je rigolais avec un groupe de copines, un élève passe devant moi en s’écriant : « Ta mère est une sorcière ! Qu’est-ce qu’elle fou ici ? ». Mon secret était dévoilé. Le ciel m’était tombé sur la tête. Je voulais me brûler toute entière. Quand j’étais rentrée à la maison, je lui criai dessus : « Je ne viendrai plus à l’école si tu travailles encore là-bas ! Pourquoi tu ne meurs pas ? »
Ma mère n’a pas répondu…
Je n’ai pas eu le temps de penser, une seconde à ce que je disais, parce que j’étais sous l’emprise de la colère. Je m’en moquais éperdument de ses sentiments. Je voulais qu’elle s’en aille de cette maison, je ne voulais plus d’elle. Ainsi j’ai étudié très dur, et j’ai obtenu la chance d’aller en Italie pour étudier.
Puis je me suis mariée avec un homme respectable. On s’était acheté une maison. J’ai eu des enfants. Ma vie était comblée. Loin de mon pays natal, mes parents ne m’avaient pas manqué. J’ai même raconté à ma petite famille que mes parents étaient morts depuis longtemps.
Un jour, une lettre à propos d’une réunion scolaire, est venue à la maison, en Italie.
J’ai menti à mon mari prétextant un voyage touristique. Après la réunion, je suis allée à la vieille cabane, simplement par curiosité. Mes voisins m’ont dit que ma mère était morte.
Je n’ai pas versé une seule larme. Ils m’ont donné une lettre qu’elle voulait que je lise:
« Ma chère fille,
Je voudrais t’envoyer un dernier mot car je sais que ne resterai pas encore plus longtemps.
Bien que tu me haïsses, je veux que tu sache que je pense à toi tout le temps. J’étais si heureuse quand j’ai appris que tu venais ici pour la réunion scolaire. Mais je ne pourrais pas me lever du lit cette fois-ci, pour venir te voir. Et je pense que je n’aurai pas assez de force pour t’attendre.
Je suis désolée d’avoir été un fardeau constant pour toi, pendant que tu grandissais.
Quand tu es née, ton père était très contrarié contre moi car tu n’étais pas un garçon comme il le voulait. Il nous a quittés après quelques mois. Bouleversée par la situation, je pleurais tout le temps. Un accident est venu par la suite et m’a brulé mon visage…
Avant j’étais très belle et radieuse et avec mon nouveau visage, je n’avais plus envie d’exister. Je n’attendais plus rien de la vie car rien ne pourra me rendre son visage. Mais j’ai pensé à toi, tu n’étais qu’un bébé, alors je devais vivre encore…
Je te pardonnerai comme je t’ai toujours pardonné.
Adieu mon bébé.
Maman qui t’aime. »
J’ai tenu sa lettre contre mon cœur et j’ai pleuré très fort comme je n’ai jamais pleuré avant.
Ma mère et moi
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