J’ai eu l’opportunité de faire mon service militaire, au titre de la coopération, en Tunisie dans les années 1984, à Tozeur. La Tunisie est alors en phase d’arabisation et existe un sentiment hostile vis-à-vis des français. Tozeur se situe au sud du pays, une des dernières villes avant le désert du Sahara. Petite ville ancrée dans la religion musulmane et aux rues de terre, Tozeur se concentre autour de la place du marché. Deux mosquées appellent cinq fois par jour les gens à la prière. Il y a une oasis connue tout simplement par sa palmeraie et ses fameuses dattes Deglet Nour. Les palmiers ont été planté suivant la forme du « A » de Allah (en arabe : الل) au pied de la source « Raïs el aîn » d’eau chaude et salée. J’ai donc passé deux ans comme professeur de lycée. A cette époque-là l’ensemble des matières scientifiques étaient encore enseignées en français. J’ai été « embauché » pour enseigner le dessin industriel et la mécanique. Au courant de la première année j’ai été chargé en plus de cours de mathématiques, physique en terminale C et E, la Tunisie étant toujours dans le régime français des études. En fait nous étions 4 coopérants français perdus dans cette ville de Tozeur ayant comme divertissement son seul cinéma avec ses uniques films de karaté « Jacky Chan » et « Bruce Lee ». Quelques fois l’ennui était tellement important qu’il fallait trouver quelque chose à faire entre nous pour pimenter la monotonie de la vie quotidienne. Or, il s’avère que j’avais ramené de France des pétards et feux d’artifices avec comme objectif de fêter la nouvelle année. Nous devions les faire exploser bien avant. On vivait par binôme dans deux maisons séparées ; un soir avec la personne avec qui je vivais nous décidâmes de passer à l’action. Il fallait faire exploser les pétards faire un maximum de bruit et effrayer nos collègues. Minuit sonne, les munitions sont prêtes (pétards de gros calibre dit « cobra ») ; nous sortons pour nous diriger vers la maison des autres coopérants. C’était une nuit relativement clair et la ville était illuminée. En effet on nous a dit que dans la religion musulmane il était important de laisser la lumière extérieure allumée comme signal d’accueil permanent en cas de besoin. Après la traversé d’un champ de pierre nous arrivons au pied du mur de clôture de la maison. Jetant un coup d’œil dans le jardin, nous remarquons une opération courante chez les coopérants de remplissage d’un camping gaz à partir d’une grosse bouteille de gaz. Génial nous avions notre méfait : faire croire a nos collègues qu’une des bouteilles de gaz a explosée. Nous voici organisant cette explosion. On va chercher des pierres et des boîtes de conserves vides pour amplifier le bruit. C’est prêt. Une dernière vérification, on allume le tout et nous courrons nous cacher. Quelques secondes après les crépitements des mèches une explosion phénoménale se produit. Nos deux collègues sortent alors en trombe de la maison en petite tenue criant et courant autour de la maison pour voir ce qu’il c’était passé croyant qu’une des bouteilles de gaz avait explosée. Quelques minutes plus tard les chiens se mettent à aboyer, les coqs à chanter et les gens sortent de leur maison la tête en l’air pensant à une attaque aérienne des israéliens (époque de forte tension entre palestiniens et juifs). Nous observions toute cette agitation satisfait du succès de notre affaire. Le calme retombé nous rentrons chez nous. Une semaine plus tard alors que nous étions dans la salle des professeurs, nous sommes convoqués dans le bureau du proviseur, lui-même accompagné du responsable de la garde nationale du gouvernement de Tozeur. Celui-ci nous accuse de trouble de l’ordre public suite à cette explosion très forte. Afin d’éviter des problèmes à mes amis , j’ai dit que j’étais responsable de ce méfait en relatant les causes et les faits. Je concluais en spécifiant qu’il n’y avait rien de mal. Nous voulions juste nous amuser. Alors là nous avons vu un monsieur qui a commencé à nous prendre de très haut. Il précisa que comme coopérants français nous avions outrepassé nos droits. Il mentionna qu’il était interdit d’amener en Tunisie ce type de produit et nous menaça de prévenir l’ambassade française. Mais comme militaire à l’étranger, accusé de trouble de l’ordre public, cela signifiait rupture du contrat, rapatriement en France et prison militaire. A la fin de cet entretien, nous avons promis de nous tenir tranquille. Quelques mois plus tard on a eu l’occasion de démontrer au responsable de la garde nationale que nous pouvions faire de grandes choses. Nous avons pris en charge un français qui avait eu un accident.
Michel Ferrante – Barcelone – Texte / Text
Histoire écrite en français / Story written in French