On dit ici que le Tangérois a toujours les fesses sur un rocher, les yeux sur la mer et les oreilles sur les nouvelles, m’explique Karim, le patron du Number 1. L’expression en trois temps rime en arabe, mais je ne viens que d’entamer l’emballage de la méthode intégrale Harrap’s pour apprendre l’arabe classique… D’ailleurs, si quelqu’un la connaît…
Des histoires il n’y a que ça ici, poursuit-il. Un jour un type du FBI est venu à Tanger pour espionner un Argentin. Le matin, il descend boire son café au bar en bas de son hôtel. Il s’assied, commande le café, qui arrive. Par habitude, il observe autour de lui et à un moment il remarque un homme qui lui fait un signe de la main (Karim fait un geste circulaire). L’agent du FBI se lève, s’approche du type et lui dit : qu’est-ce que vous me voulez ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Le type lui répond : Monsieur, vous avez oublié de touiller votre café.
Le matin, une vieille dame s’est installée chez moi. Elle est en train de faire une lessive. Certainement une espionne, ou une colocataire, ou les deux. Bizarrement, elle ne parle pas français. Je lui dis Salam et je découvre que ce sont mes affaires sales qu’elle lave. Je me mets à mon bureau pour travailler. Elle passe la serpillière autour de moi. Il est très important de garder la maison propre ; sinon les Djinns se mettent dans les coins.
Plus tard, j’apprendrai qu’elle s’appelle Khadidja, et qu’elle est à la solde de l’Institut français.
une interview de Karim à propos de Tanger: http://tanger.madeinmedina.com/fr/article-karim-est-le-number-one-de-tanger-jai-eu-les-parents-il-y-a-20-ans-jai-leurs-enfants-aujourdhui-282.html