Durant la guerre civile, raconte Maria, au premier étage de notre immeuble il y avait la salle des blessés. Avec les autres enfants on jouait au milieu de ce désordre d’hôpital. Moi j’adorais remettre les seringues à leur place, bien parallèles, ranger les pansements,...
Le dernier repas, par Godi
🎧 📃 C’était pendant la guerre, il y avait un jeune homme qui devait avoir dans les treize ans mais à qui l’on donnait facilement 15, 16 ans. Son grand-père et son père étaient des menuisiers et lui-même était dans la forêt comme bûcheron. Ce jeune homme est donc dans la forêt pendant deux ou trois jours et quand il revient le village est brûlé. Plus personne…
Mon petit mouton
📃 Mon oncle possédait une ferme avec un petit mouton que j’adorais. Le village était entouré de noyers dont nous allions ramasser les noix. Un jour, en début de soirée, alors que nous venions de rentrer les bêtes et que le soleil se couchait, nous avons entendu des voix d’enfants qui criaient : « Les soldats, les soldats ! ». Dans nos têtes d’enfants, un soldat, ça voulait dire « chocolat ». Quand les militaires pénétraient dans les villages, ils apportaient toujours des bonbons et du chocolat…
La mort de ma nounou, par Hinda
📃 Un matin, quand j’avais cinq ans, je me suis levée comme d’habitude et j’ai attendu l’arrivée de ma nounou avec son sourire éclatant. Peu après, mon père, qui était sorti pour acheter le journal, est rentré, le visage pâle, les mains tremblantes. Il nous a annoncé que ma nounou avait été tuée la veille au soir par un groupe de terroristes et qu’elle avait été jetée en plein milieu de la cité dans un grand sac plastique transparent.
Torture démoniaque dans une prison libyenne, par Rafram Haddad
📃 J’ai été kidnappé. Je faisais un projet photographique en Libye et j’ai été kidnappé par la police secrète à Tripoli, dix jours après avoir commencé à travailler dans le pays. J’ai été kidnappé et je suis resté là-bas six mois. D’abord un mois dans un centre de torture à Tajura, et puis cinq mois dans la prison d’Abu Salim. Et ce que je vais vous décrire, c’était le transfert entre Tajura et Abu Salim. C’était après la torture…
La totale
🎧 Ça s’est passé à cent mètres du Vieux Port, dans une toute petite rue en-dessous des locaux de Radio Galère à l’époque. Un Marocain fraîchement débarqué qui était dans l’hôtel rentre dans un bar et explique qu’il a du shit à vendre…
Souvenirs de prison, par Souleyman Khatib
📃 Je suis incarcéré depuis de nombreuses années déjà. En tout j’ai passé presque dix ans dans les prisons israéliennes, à partir de l’âge de quatorze ans. Je me souviens de ce jour, nous sommes une dizaine dans la cellule, et le film à la télé est un film sur l’holocauste, le premier film que je vois de ma vie sur le sujet. Nous pleurons devant l’écran, nous sommes tous très émus…
L’histoire d’Ali
📃 Ali, qui est un gamin de quinze, seize ans, est arrivé à Lampedusa. Il s’est enfui d’Iran, où il vivait avec sa famille, pour l’Italie où il est venu chercher du travail pour améliorer sa situation économique. Il allait avoir dix-huit ans et devait donc quitter la maison des mineurs de Brindisi. Il fallait qu’il trouve un logement ou un endroit où aller, parce que généralement quand les mineurs arrivent, on les amène dans ces maisons d’accueil, mais à l’âge de dix-huit ans, on les met à la porte…
La rue sans nom, par Martine
🎧 En septembre 1975, j’avais 21 ans et je correspondais avec une jeune fille espagnole que j’avais connue sur les plages de San Sebastian. Je voulais devenir professeure d’espagnol, et avec une bourse, je me suis retrouvé à étudier à Logroño. En novembre, Franco meurt et toutes les écoles étaient fermées. Je vais donc voir ma copine de Barcelone. Je ne connaissais pas cette ville, je prend un taxi, je m’asseois et je demande la « calle sin nombre », la « Rue sans nom »…
Anniversaire surprise
📃 Ma fille m’appelle au téléphone et me dit : « J’organise un anniversaire surprise pour maman. Tu veux venir ? » Nous avions divorcé depuis un bon moment déjà. J’ai trouvé ça étrange. Elle avait prévu de se remarier, ça faisait un moment qu’elle en parlait. Et honnêtement c’est un sujet difficile pour moi. je me suis senti comme possédé par une sorte de petit démon qui me soufflait : « Vas-y ! Fonce dans le tas ! » Tu vois le genre ? Du coup, j’ai dit : « Ok ! Je viendrai ! »…
Un jeudi à Ramallah, par Emad
📃 Cette histoire s’est passée en 1990. Je marchais dans la rue et par hasard j’ai été arrêté par un groupe de soldats israéliens qui patrouillaient. Ils m’ont demandé mes papiers, m’ont fouillé au corps, ils ont vu la faucille et le marteau sur le porte-clés et ils en ont conclu que j’étais communiste. Ils ont commencé à me frapper, à la tête, au corps, et à m’interroger pour savoir si j’avais une maison à Ramallah…