Histoires vraies de Haute-Provence

L’horizon, par Nicole

28 mars 2021

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée le 20 mars 2018 à Revest-du-Bion

Transcription de l’histoire audio

L’histoire commence à mes cinq ans. Mon père a été muté sur le canal de la Durance, alors qu’on habitait en région parisienne. Il nous avait dit : « Il va falloir que je reste longtemps là-bas, j’embarque la famille ». Donc on a quitté la région parisienne et on a débarqué dans le secteur pour le canal de la Durance.

Premier choc, j’ai découvert ce qu’on appelle l’horizon. J’avais cinq ans, et je n’avais jamais compris ce que c’était. Pour moi c’était la maison d’en face, c’était tout petit. Mais là, je vois loin, ça monte, ça descend : il y a un horizon.

Le mont Ventoux à l’horizon vu de Revest-du-Bion. Crédit.

On est restés un an et demi, et je me suis dit : « Quand je serai grande, c’est là que je reviendrai ». On est repartis en région parisienne, j’ai repris l’école, les études. Quand il a été question de passer le concours de l’école normale que l’on passait à l’époque pour devenir enseignant, j’ai postulé à l’école normale de Digne-Les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

À l’époque, quand on débutait, il fallait faire des choix, on nous donnait des listes d’endroits complètement perdus. Parfois on se retrouvait avec des classes avec deux élèves, le frère et la sœur, dans des montagnes. Et il fallait y grimper à pied jusqu’à l’école, parce qu’il y avait pas de chemin.

En bas de ma liste, je vois Revest-du-Bion. Je regarde sur une carte : il y avait trois classes, extraordinaire. Donc j’ai demandé à Revest-du-Bion. Je suis arrivée là, j’ai retrouvé mon horizon, avec le mont Ventoux en toile de fond et j’ai dit : « Voilà, c’est là que je pose mes bagages ».

Nicole