Une histoire collectée le 24 mars 2018 à Revest-du-Bion
Transcription de l’histoire audio
“ Mon père était au début plutôt basse – basse noble, puis il est passé baryton Martin : il a pris un peu dans les aigus.
Ils étaient toute une bande, entraînés depuis 30 ans et habitués à envoyer, faire des fêtes, punchs chauds, punchs froids. Cent-vingt gars, à organiser des fiestas à base de rhum. Ils se mettaient dans des états, ça y allait, ça rigolait pas.
On était une famille nombreuse, on était six garçons et on habitait en HLM dans une cité de la banlieue du Havre, sur le plateau. Six dans une maison, ça fait du bazar. Ma mère travaillait, mon père travaillait. Donc le dimanche matin était consacré au ménage. Tous les matins, on nettoyait la maison de fond en comble. Tous les six garçons, on était réquisitionnés, il y avait pas de planqués. Mon père ouvrait systématiquement toutes les fenêtres. Hiver comme été, il fallait aérer, passer l’aspirateur, faire le ménage.
Mon père mettait un 33 tours sur la platine et il chantait tous les airs qui étaient sur le disque. Mais avec sa voix de stentor, que les voisins en pouvaient plus ! Tout le répertoire de Jean Ferrat. Que la montagne est belle, les voisins ils en ont soupé, ils devaient en avoir ras-le-bol de celle-là. On chantait Je suis le maître à bord, de l’opérette, Les cloches de Corneville : « De la mère Angot, j’suis la fille, j’suis la fille ! Et la mère Angot… »… Il chantait ça à fond la caisse ! Tout l’immeuble y avait droit, chaque dimanche matin, et personne ne disait rien. ”
Antoine