Une histoire collectée le 16 mars 2018 à Ongles
Transcription de l’histoire audio
“ J’avais cinq ans lorsqu’ils sont arrivés, donc je rentrais à l’école primaire. Mes premiers souvenirs, c’est que je descendais de l’école 2 km à pied, j’arrivais devant cette école et il y avait des femmes avec des jarres sur la tête. Des jarres sur la tête. À Ongles. Elles allaient prendre de l’eau à la fontaine de la place et passaient devant l’école pour remonter sur le hameau de forestage. Donc ça, c’était quand même surprenant.
Bien entendu, les adultes ne nous avaient rien dit du pourquoi, du comment, de qui étaient ces gens. Peut-être ne le savaient-ils même pas eux-mêmes. Donc j’ai vécu ce moment-là et j’ai eu des périodes où on était en classe ensemble avec les jeunes Harkis. Ça c’était un peu plus tard parce qu’il y a eu différentes périodes, il y a eu l’accueil des familles et puis après il y a eu un centre de formation professionnelle et de scolarité pour les jeunes qui avaient eu leur scolarité coupée par l’immigration. Donc on avait un internat ici de 110 élèves. C’est l’histoire que vous trouvez dans le musée, pour ceux qui ne l’ont pas visité, dépêchez-vous.
Moi, mon souvenir c’est qu’on ne savait pas pourquoi, et on ne posait pas de questions. Il y avait quand même un non-dit autour de ça, on était peut-être un peu trop jeunes pour comprendre, et c’était une période de l’histoire où on était pas trop dans la communication. ”
Maryse