Une histoire recueillie à L’Hospitalet.
“ J’avais décidé d’aller en Laponie, ça me tentait. Pas pour voir le Père Noël, j’ai passé l’âge, mais parce que j’adore la neige, j’aime bien le froid. Je décide d’y aller pour Noël et le Nouvel An. Noël en Laponie, ça doit être quelque chose !
Évidemment, grève d’avion, neige à Roissy et donc atterrissage à Marseille pour tous les gros avions qui arrivaient du monde entier, dont le mien. Donc, le voyage est annulé pour moi. Ils me disent : « Ça fait rien, on vous fait un rabais et vous venez en février ». Bon, il n’y avait plus le charme de Noël, mais pourquoi pas. Ils m’ont dit : « On va vous gâter ! » Ah ! je m’en souviens toujours, ils parlaient en français, « on va vous gâter » ! Pour ça, ils ont pas eu tort : ils m’ont gâtée, dans tous les sens du terme !
J’arrive, il y avait des montagnes de neige. On atterrit : impeccable ! J’arrive à 8 heures du soir, j’avais déjà pris 4 avions et le taxi me dit : « On en a pour 4 heures pour aller au village ». Un nom avec des O, des A, des K… On arrive à l’hôtel, évidemment il faisait nuit depuis longtemps puisqu’il fait nuit à 3h30 de l’après-midi – ça, je ne le savais pas ! On me donne la clé de mon chalet, le taxi m’a emmenée jusqu’à lui et je suis rentrée dans ma chambre.
Le lendemain matin, j’avais 600 mètres à faire à pied pour aller déjeuner. Ça, je ne l’avais pas vu non plus puisque j’étais en taxi. Et surtout avec de la neige, il y en avait beaucoup mais le chemin était déblayé, quand même ! Évidemment, je me perds, j’étais paumée. Il faisait un froid de gueux ! Je me retrouve au bout d’une heure. Je savais qu’au milieu du centre de loisirs il y avait un gros chalet où se passaient toutes les activités, donc après m’être un peu remise dans ma chambre, je vais là-bas. Ils ne parlent pas français ni anglais, mais enfin on se débrouille. Un type me dit d’aller en bas et de me faire un équipement. Je prends l’équipement et je suis sortie, j’étais comme le bonhomme Michelin, orange en plus. C’était formidable !
Ce jour-là, on devait aller pêcher sur un lac. Mais alors quel bazar ! II faut faire un trou, c’est dur, c’est manuel, c’est pas électrique. Je fais mon trou et on attend sur notre petit siège. On a une petite baguette, un petit fil, une merdouille quoi. Il n’y a rien. On va manger le déjeuner mais là-bas, c’est pas bon la bouffe. On mange dans un hangar, des saucisses, barbecue… pas terrible ! Je mange quand même. Pendant le séjour, j’ai mangé des saucisses mais je ne vous ai pas tout dit, on mangeait aussi des framboises ! On avait des framboises tous les jours, à tous les repas, des framboises dans la viande, dans tout ! Quand je suis rentrée, j’en ai plus bouffé pendant un an et pourtant j’aimais ça. L’après-midi, le mec me dit : « Venez, on va refaire un trou ». Il m’avait expliqué de surtout tirer fort quand ça mord. À un moment ça mord, je tire. Je tire tellement fort que tout est parti : la canne, le poisson. Il a volé dans les airs avec la canne. Le saumon glissait sur la glace et ma canne avec, tout le monde courait après. J’ai d’ailleurs failli gagner le prix, parce qu’ils mesuraient les poissons ! Mais bon c’était bien, j’ai pêché un saumon, j’ai pris des photos, impeccable !
Le lendemain, je ne savais pas ce qui m’attendait ! Ils m’avaient expliqué que c’était un safari, et le matin vers 9h30 je vois des chiens : il y en avait une douzaine. Trop mignons ! Je me voyais déjà en princesse, genre Anna Karénine avec les fourrures, bien installée, les chiens qui me traînent… Pas du tout ! Je vois deux traîneaux et je me dis : « C’est quand même pas moi qui vais traîner ? » Eh bien si ! Je ne comprenais rien à leur langue étrangère, donc il y avait une Suisse qui parlait français qui m’a expliqué par téléphone comment gérer les chiens. Je me sentais mal, on avait 50 km à faire. C’était marqué dans mon dépliant, mais je pensais être affalée dans mon truc et je m’étais dit que 50 km c’était bien et que j’allais me faire bronzer. C’était un couple qui organisait ça, lui était devant en moto-neige pour faire le chemin et sa femme avait un traîneau avec 6 chiens. Moi, j’en avais 5. Les miens, ces abrutis, ils voulaient toujours rattraper les autres ! J’essayais de freiner mais ils ne voulaient pas. On traversait des lacs, c’était magnifique, mais quand on attaquait les forêts il y avait des virages. Si bien qu’à un moment donné, je me cogne sur le bois du traîneau. Je me suis pétée deux côtes. Je ne le savais pas sur le coup, mais j’avais mal : j’avais du mal à respirer. J’ai bien senti qu’il y avait un problème, et d’ailleurs j’ai encore des séquelles. On arrive à midi. On mange. C’était merveilleux, c’était argenté, ça brillait, c’était trop beau et les chiens étaient trop mignons. J’ai quand même essayé de leur dire de ralentir.
Un soir, dans la nuit, j’entends gratter. C’était un élan qui avait senti la bouffe, qu’est-ce-que c’est moche cette bête ! Ça a des grandes pattes, c’est affreux ! La veille de mon départ, le mec de l’hôtel me dit : « Je vous apporte déjà votre petit déjeuner, parce qu’on vient vous chercher à 4 heures ». J’étais contente de rentrer à la maison, j’étais épuisée. Mes valises étaient prêtes à 3h30 du matin et je m’étais habillée pour mon arrivée en France, petites chaussures en cuir, beau manteau de laine. Le taxi arrive, une belle Mercedes. Ça partait un peu en pente et il y avait beaucoup de glace ainsi que trois marches. Il prend mes valises et moi je descends les marches. Hop ! Je glisse, je me cogne un bon coup la tête sur une marche et je suis partie sous le taxi. J’étais en biais sous le taxi et le gars me disait : « Madame ! Madame ! ». Il me cherchait. Nous voilà partis pour quatre heures de route sous la neige qui tombait. Je suis arrivée dégueulasse complet à l’aéroport, il a fallu que je me change mais j’avais gardé mes chaussures. Il fallait faire au moins 200 mètres à pied pour atteindre l’avion. Je glissais, je partais d’un côté, de l’autre…
Je monte dans l’avion, j’étais en vrac. Je me suis endormie, j’ai dormi tout le voyage. Arrivée chez moi, j’ai dormi trois jours : personne ne m’a vue ! ”
Nadine