Quand Maryse compare son mode de vie avec celui des femmes de rite ibadite du Mzab en Algérie.
Une histoire collectée le 17 octobre 2020 à la Maison de la poésie transjurassienne de Cinquétral à Saint-Claude
Transcription de l’histoire audio
“ Je vais te raconter une histoire qui se passe en Algérie : je suis partie enseigner en Algérie en 1979. J’allais beaucoup chez les gens – en particulier chez les femmes, les mères de mes élèves m’invitaient. Moi, je les plaignais beaucoup parce que c’étaient des femmes qui ne sortaient pas de chez elles, qui étaient voilées et à l’époque dans le sud de l’Algérie, il y avait tout un endroit où elles étaient voilées et on ne voyait qu’un œil. Donc elles étaient vraiment très enfermées chez elles, pour moi.
Elles étaient toutes contentes de voir arriver une étrangère, elles riaient quand elles me voyaient, elles m’offraient le café, les gâteaux, etc. Moi je les plaignais vraiment amèrement : « Les pauvres elles ne sortent jamais de chez elles, c’est même les hommes qui font les courses, elles sont vraiment enfermées ! »
Ça a duré une année à peu près et un jour l’une d’elles me dit : « Tu es professeure ici, tu es toute seule ici ! »
– Je dis : « Oui je suis célibataire, je suis contente, je suis toute seule, je suis libre. »
– Et c’est toi qui va faire tes courses ?
– Oui, je vais faire mes courses toute seule.
– Et c’est toi qui t’occupe de tout dans ta maison ?
– Oui, bien sûr !
– C’est bien ce qu’on m’avait dit, toutes les femmes on te plaint beaucoup, tu dois être très malheureuse ! ”
Maryse