Je vais vous raconter une histoire qui m’est arrivée et qui va vous montrer un peu ce qu’est la manière de recevoir au Maroc. Ma secrétaire me dit qu’elle va se marier et m’invite à son mariage. C’était un vendredi et je savais où c’était, puisque travaillant le soir, je l’avais ramenée dans son derb. J’achète une cocotte-minute, fallait bien offrir quelque chose.
J’arrive avec ma cocotte-minute sous le bras, devant la porte et il y avaient les youyous, la fiesta, la fête. J’dis : « Où est-ce que je peux voir la mariée ? » On me répond : «Là-haut ». Je monte, j’arrive. Les Marocaines, quand elles se marient, elles sont au milieu sur un siège avec énormément de voiles, de trucs comme ça. Je salue la mariée. Je dépose ma cocotte-minute, on me dit d’aller m’asseoir et on me sert un jus d’orange. Une heure se passe. J’étais là et de temps en temps, on venait me servir un jus d’orange. Une heure se passe, deux heures se passent. Ça commençait à être longuet. Le cérémonial de mariage à la marocaine, c’est pas du tout comme nous, la fiesta c’est une autre fiesta. Je me demande ce que je fais, et un moment au bout de deux heures, au moins deux heures, je vois arriver un couple de Français que je connaissais.
Alors, naturellement, enfin quelqu’un à qui parler ! Je parle un tout petit peu arabe, mais enfin je ne peux pas entretenir une conversation.
– Je dis : « Ah ! Bon, ça me fait plaisir de te voir Jacques ! Comment ça va ? Tu connais aussi la mariée ? »
– Non, moi je ne connais pas la mariée mais je connais son mari.
– Ah ! oui le menuisier !
– Mais, il est pas menuisier, il est dans l’électronique !
Là, je commence à me poser des questions. Je vais revoir la mariée et je m’aperçois que ce n’était pas la bonne mariée ! En fait, la coïncidence voulait que dans la maison de ma secrétaire, où elle habitait, il y avait à l’étage du dessus ou du dessous, un autre mariage qui n’était pas le sien. Le sien avait lieu ailleurs… J’avais pas bien regardé où c’était.
Je ne sais pas si en France on m’aurait accueilli dans un mariage privé. Arrive quelqu’un d’inconnu et on l’accueille au jus d’orange, parce qu’il n’y avait pas d’alcool. J’ai était accueilli pendant 2-3 heures et personne est venu me dire : « Mais qu’est-ce que vous foutez là ? » Non, on me servait du jus d’orange. Et, au bout d’un moment, je suis parti en laissant ma cocotte-minute.
Et, là pour la petite histoire, je sais que les deux femmes qui s’étaient mariées, qui habitaient l’une au-dessus de l’autre, avant qu’elles soient mariées, étaient assez copines et elles se sont bagarrées. Ma secrétaire a réclamé la cocotte-minute et l’autre n’a pas voulu la donner.
Jacques, histoire recueillie à Cruis.