Le souvenir de ma naïveté d’enfant me pousse à partager avec vous une petite anecdote, marquée dans ma mémoire au fer rouge. Je fis preuve de courage et de responsabilité à 8 ans.
Depuis toujours, mon cher papa a pris l’habitude de séparer sa petite monnaie de son porte feuille. Cette petite pochette de cuir noir restera merveilleusement gravée dans mes souvenirs d’enfance. J’allais souvent y piocher dix francs pour m’acheter des bonbons dans l’unique boulangerie de mon village ou mieux, savourer mon péché mignon de l’époque (qui n’a pas changé depuis) un gourmand éclair au chocolat.
Etant de nature fouineuse, je prenais un plaisir certain vers l’âge de 8- 10 ans à tendre l’oreille lors de conversations d’adulte allant même jusqu’à espionner par le trou des serrures. Une vraie fouineuse qui agaçait mes frères et sœurs !
Un jour, j’ai surpris ma sœur ainée, entrain de voler dix francs dans le fameux porte monnaie noir de mon père.
Pensant que les pièces enfouies dans ce porte monnaie étaient notre unique ressource, je fus choqué. Choqué de constater que ma sœur, de 10 ans mon ainé, n’avait pas conscience qu’en piquant ces dix francs, nous n’aurions plus d’argent pour manger. Prenant mon courage à deux mains du haut de mes 8 ans, je décidais d’être responsable et de rendre cette précieuse pièce à mon paternel.
Espionnant ma sœur jusque dans sa chambre, pour voir où elle allait cacher le butin, j’attendis qu’elle sorte pour lui repiquer. Après tout, ce n’était que justice ! Je trouvais le trésor caché sous d’innombrables piles de vêtements. Je remis délicatement la pièce ni vu ni connu dans le porte monnaie de mon père.
Je sorti de cette péripétie, fière d’avoir fais preuve d’autant de maturité mais aussi largement offusqué d’avoir vu que ma sœur ne l’était pas.
La pauvre devait sûrement avoir besoin de ces dix francs pour s’acheter un sandwich lors de sa pause déjeuné au lycée.
Mon enfance s’est ainsi passée. Je ne l’ai pas eu le temps d’en profiter. Je jouais à l’adulte, j’étais mature pour mon âge, trop mature. Je voulais vite devenir adulte. Le monde des grands était séduisant à cette époque. Bizarrement, il ne l’est plus du tout.
Nombreux sont les regrets aujourd’hui qui me hantent. Le regret surtout de ne pas avoir su être un enfant.