Damla Cuhadar – Texte / Text
Histoire écrite en français / Story written in French
Le matin du 1er mai 1945
« Maman, maman ! C’est fini, la guerre est finie ! Vous entendez ? Il n’y aura plus de soldats allemands ! »
Un petit garçon avait crié gaiement. On pouvait facilement sentir la victoire dans les yeux marron de cet enfant. Il avait continué à annoncer la fin de la guerre avec ses propres mots. Mais il y avait une autre source de joie dans la maison… Et, il n’y avait pas fait attention. Pour l’instant, le plus important c’est la paix !
« Vous imaginez ? Nous pouvons courir dans les jardins librement, il n’y aura plus de coup de feu ! Nos voisins serbes sont libres aussi ! Je peux jouer avec mon ami Jasna ! »
Son ami… C’était un symbole de l’amitié entre Turcs et Serbes en cette période de guerre. Ils avaient passé de très mauvais jours ensemble. Les enfants de ces familles avaient vécu la Deuxième Guerre mondiale. Ils ne pouvaient pas jouer librement à cause des soldats dans les rues. On entendait toujours des coups de feu… C’était des choses qu’on n’imagine pas facilement quand on ne les a pas vécues. C’était les cauchemars de la guerre pour les enfants.
Pendant la guerre
Cette histoire de l’amitié entre deux peuples différents se passe au Kosovo, en Yougoslavie qui était occupée par l’Allemagne. Il y avait un traité entre les Turcs et les Allemands, qui concernait l’interdiction de nuire aux citoyens turcs au Kosovo pendant l’occupation parce que la Turquie avait décidé de rester neutre pendant la guerre. Au contraire, les conditions étaient différentes pour les Serbes, les Allemands les tuaient et faisaient prisonniers. Mais, jamais ils ne pourraient tuer l’amitié entre ces deux peuples différents.
La famille turque qui s’appelait Sümer, vivait donc au Kosovo et ils avaient des voisins serbes. Le chef de famille, et aussi la mère de cet enfant du début de l’histoire s’appelait Mahpeyker. Elle avait fait un acte d’héroïsme pour protéger ses voisins serbes. C’était un matin semblable à l’apocalypse : la tempête poussait les branches des arbres par terre. Les soldats allemands avaient frappé à la porte et essayaient de la casser. À ce moment-là, les voisins serbes étaient venus pour une visite. Mahpeyker était sortie seule, et avait ouvert la porte aux soldats. Elle avait dit « Mahométan », ce qui signifiait que les personnes de cette maison étaient tous musulmans. En vertu de la convention, les soldats ne pouvaient pas leur faire du mal. Alors, à partir de ce jour-là, et pendant tout le reste de la guerre, Mahpeyker avait donné l’hospitalité à ses voisins. Cette femme avec des yeux bleus avait été un exemple de courage, parce que c’était un gros risque que de protéger les ennemis du pays occupant.
On retourne à ce matin du 1er mai 1945
« Tu as une autre amie pour jouer, Soner ! » dit le père. L’enfant s’était tu, et il s’était arrêté dans sa joie. Il était vraiment étonné : “Qu’est-ce que son père avait dit ? » Il avait suivi son père à l’intérieur de la maison jusqu’à la chambre de ses parents, et vu ce qui deviendra son plus grand souvenir de la paix : sa sœur Belkıs qui était née quelques minutes avant.
Maintenant, c’est le temps d’expliquer le réel : Belkıs est ma grand-mère, et j’ai écouté cette histoire qu’elle m’a racontée. Soner est mon grand-oncle. Je vous conseille de faire attention à la date de naissance de ma grand-mère : le 1er mai 1945, c’était la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Belkıs était le souvenir de la paix, c’est vrai !
Mais, il ne faut pas oublier la réalité, les conflits continuent aussi de nos jours. Leur solution n’est-elle pas de toujours laisser les enfants jouer dans les rues…