Il était l’année 1956, et arrivé le 1er septembre, les 95 élèves de la quatrième année de l’Académie Naval de Livourne, s’embarquaient sur le croiseur Raimondo Montecuccoli. Généralement la croisière que font les élèves se réalise pendant l’été, mais cette année l’Italie devait envoyer un navire de représentation aux Jeux Olympiques de Melbourne.
Après la cérémonie officielle la traversée prenait début. Le premier port où le croiseur s’arrêtait pour ravitailler fut Port Saïd (Égypte), ensuite ils passèrent par le canal de Suez. Là-bas, à cause des pressions diplomatiques, tout le monde était aux postes de combat, l’alerte rouge était activée à bord. Heureusement rien ne se passa. Finalement, ils arrivèrent au premier port où ils eurent l’opportunité de se reposer et faire quelques visitent : Aden, encore dans l’Arabie Britannique. À Aden, mon père et deux compagnons eurent une grande peur, car le taxi qui devait les porter au club où aller se célébrer une cérémonie officielle s’était perdu et les avait porté à kasbah. Ils avaient peur parce qu’avec les uniformes les gens pouvaient se révolter en pensant qu’ils étaient du gouvernement, ou simplement pour le fait d’être des militaires. Mais rien ne se passa et le lendemain matin, 12 septembre, le croiseur appareilla sans problèmes.
Le 16 ils arrivèrent à Karachi (Pakistan), où l’équipage fut très touché par la pauvreté de l’endroit, à cette époque la misère du «tiers-monde» n’était connue par tout le monde. Il y avait des personnes qui louaient leur lit la nuit pour dormir, les gens s’habillaient avec des torchons, les rues n’étaient pas asphaltés… un malheureux spectacle.
Le 21 ils étaient à Bombay. À part les visites officielles, les élèves firent une visite à Poona pour visiter l’Académie Naval de Poona. Mais mon père profita pour se réunir avec son oncle, un missionnaire de l’ordre des jésuites qui se trouver en mission humanitaire déjà à la naissance de mon père. Ils se rencontraient dans un café. Son oncle lui demanda d’abord des nouvelles de sa mère et du reste de sa famille à Naples. Après mon père lui expliqua tout ce qu’il avait pendant ses 21 ans de vie, il en fut très content. Mon père se rappel avec émotion de cette rencontre car cet homme fut très important au sein de notre famille, mais ils ne se rencontrèrent que quelques fois au long de sa vie.
Le 4 octobre les 94 élèves et le reste de l’équipage arriva à Singapour, encore colonie anglaise, où ils stationnèrent 4 jours. Pendant lesquels le fait qui est resté plus marqué pour beaucoup d’élèves fut quand Sofronio Ferri (élève à l’état-major naval) porta une dizaine d’élève se faire un tatouage de « loup de mer », l’histoire serait assez normal si ce ne fut que le seul qui refusa se tatouer fut Sofronio…
Le 8 ils partirent et pendant les 9 jours suivant ils naviguèrent avec la proue pointait vers Port Darwin (Australie), ils se dévièrent pour refournir qu’une fois à Djakarta. Mais même si ils ne stationnaient qu’une nuit, l’équipe de football de la Marine Italienne (dont mon père était attaquant à l’aile droite) disputèrent un match dans un stadium remplit par plus de 10.000 personnes. Le score final fut de 3-2 pour l’équipe italienne, pour grande satisfaction de mon père.
Avant de se diriger à Melbourne ils passèrent par plusieurs ports de la côte australienne, Cairns, Brisbanne, Sidney (ici mon père en une furtive tentative de dragage blessa une fille avec son uniforme) et Wellington (Nouvelle Zélande).
Finalement ils étaient arrivés à leur destination : Melbourne. Il était le 19 novembre 1956. La cérémonie d’ouverture se réalisa le 22 novembre par le prince Filipe, duc d’Edimbourg. Les élèves eurent l’opportunité d’assister à toutes les épreuves. Mon père alla voir, surtout, les épreuves d’athlétisme et les sports « aquatiques », il assista en effet à la bagarre provoqué par les hongrois lors de leur match d « waterpolo » contres les russes, parce que les russes venaient d’envahir leur pays. Tout l’équipage se rendit aux épreuves où l’Italie était représentée par des athlètes de la Marine Militaire, un skippeur et l’équipe de canotage (aucune des médailles de l’Italie ne fut gagnée par un militaire). Pendant leur séjour en Australie mon père réussit à « séduire » une jeune qui était roux avec laquelle il conversait avec son, encore, discret français, mais le pire c’est que elle aussi parlait un français très pauvre, et lui ne réussissait pas à lui faire comprendre qu’il n’était pas un gendarme français…
Le jour que la route du retour devait commencer, le commandant reçu l’ordre de l’état-major de changer l’itinéraire, l’Israël, la France et les Anglais, suite à leur invasion de l’Egypte, avaient bloqué le canal de Suez ; or pour tourner le croiseur devait traverser ce canal. Le nouveau itinéraire prévoyait le passage par Panama, cela voulait dire compléter le tour du… monde ! Jamais aucun bateau école de la Marine Militaire n’avait fait un tour du monde. Lorsque les élèves reçurent la nouvelle, ils explosèrent en un crie de joie. Pendant une semaine le commandant organisa un plan d’études pour éviter un retard dans les études des élèves.
Ce qui, par contre, était prévu étaient les exercices navals, ils firent des exercices dans le Pacific Sud, entre les ports de Hobart (Tasmanie), Adelaïde (Australie) et Melbourne. Ils partirent ensuite vers l’idyllique île de Suva (Fiji). À Suva, tous ces européens découvrirent finalement cette savane tropical, qui côtoie le sable blanc, qui côtoie à son tour une mer transparente remplit d’animaux et d’algues uniques aux monde.
Le 17 décembre ils partirent vers Pago Pago (Samoa). Ce fut malheureusement le dernier appareillement du matelot Franco Morelli. Pendant le lavage du pont le matelot une vague catapulta par-dessus-bord et lorsque son compagnon, qui lavait le pont avec lui et qui était tombé sur la balustrade, repris conscience et vit que Morelli n’était plus là il était trop tard… Un avion américain de patrouille maritime vint pour chercher le matelot, mais rien à faire.
Après 24 heures de recherche le croiseur continua sa route et le jour de noël ils s’arrêtèrent à Honolulu. Pour se détendre l’équipage eu 4 jours de permis. Mon père profita pour, le même jour de noël, essayer de surfer, mais à la fin il s’exaspéra de chuter à chaque foie et il abandonna le surf. Le moral plus haut, ils partirent le 28 vers San Francisco, ils arrivèrent le 4 janvier 1957.
Pendant les 6 jours passés à S. Francisco mon père fut impressionné par le passage du Golden Gate avec tout l’équipage encadré sur le pont, et ensuite le passage devant Alcatraz, qui était encore une prison, pour lui c’est une image solennel. Une autre chose qui lui plut beaucoup furent les bar avec les bandes de jazz et aussi la visite de l’Ammiral Nimitz, héro de la guerre de la campagne du Pacific (II Guerre Mondiale). Le11 ils étaient à S. DIego où le marine des États-Unis avait préparé un exercice d’artillerie, avec leur croiseur Helena. Comme l’objectif était tiré par un avion le croiseur Helena pouvait tirer avec ses cannons de 203 mm., or la technologie du croiseur italien n’avait pas des cannons antiaérien alors il utilisa une mitrailleuse manuel de 40mm. Incroyablement la fureur des canons de l’Helena qui détruit l’objectif fut égaler par la petite arme italienne, de façon un peu ironique.
Après ils descendirent jusqu’á Panama, en se ravitaillant à Manzanillo (Mexique), Acapulco (Mexique), La Union (Salvador), Puntarenas (Costa Rica) où le Président les invita à aller à la capital avec son train comme transport, un train avec des terrases, des fauteils en osier et des serveurs; après ils passèrent le canal de Panama.
Du 29 janvier au 31 ils réalisèrent le, lent mais très intéressant d’un point de vue naval, passage du canal de Panama. Ensuite ils continuèrent pendant 10 jours la traversée dans les côtes de l’Amérique du Sud, en passant par Cartagena (Colombia) et La Guaira (Venezuela).
Le 10 février ils commencèrent la traversée de l’Atlantique, en s’arrêtant que deux fois: à S. Vincenzo (Cap Vert) et Gibraltar, en arrivant le 27 février 1957 à Livourne.
Ce voyage fut, pour ces 95 jeunes, un voyage exceptionnel pour leur génération et très formatif, ils se sentaient (et encore, ceux qui restent, se sentent) très chanceux d’avoir vécu un voyage si extraordinaire.
Carlo Angrisano – Barcelone – Texte / Text
Histoire écrite en français / Story written in French