Certains thèmes ressortent dès à présent de ce premier tiers de voyage : les histoires de djinns semblent par exemple assez universellement partagées, dans tous les pays visités. Chacun a une histoire de djinn : quand ça ne lui est pas arrivé à lui directement, il traîne toujours une histoire par-ci par-là. Récemment, Ghada a raconté sur ce site l’histoire de la maison hantée d’Alexandrie :
https://histoiresvraies.org/bibliotheque/limmeuble-hante-de-la-rue-aboukir/
Les histoires vraies de djinns mêlent souvent traditions, croyances et font découvrir le point de vue d’un individu (le conteur de l’histoire) qui doit se les coltiner… Comment se mettre d’accord avec soi-même, quand deux modèles s’opposent, modernité, technologie, etc., et croyances légitimées par la religion : « les djinns ça existe, c’est écrit dans le Coran », me répète-t-on régulièrement.
Un autre thème révélateur, à la manière des Mythologies de Roland Barthes, est celui de la voiture. Quand on sait l’importance qu’elle prend dans des pays où les transports en commun ne fonctionnent pas aussi parfaitement qu’ils devraient…
Mexico a ses taxis Beetles, fruit d’un accord entre l’entreprise Wolkswagen et l’Etat Mexicain, et la Pologne a ses Maluch, prononcer Malour (malo signifie « petit »), des Fiat 126 fruit d’un autre accord entre Jaruselski et la firme turinoise :
Qu’en est-il pour la Méditerranée ? Quelques pistes, quelques notes au tiers du chemin…
Thierry Fabre, responsable de la programmation et des relations internationales du MuCEM (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) qui ouvrira prochainement au public, attirait mon attention l’autre jour sur le taxi alexandrin, un modèle Lada jaune et noir… mais pas que : Fiat et Citroën, avec des modèles forme R8, coexistent aussi. Voici une photo que j’ai prise à Alexandrie, qui illustre en même temps le thème récurrent de la Vache-qui-rit, que j’ai ébauché il y a quelques posts :
Au Caire, ces modèles des années 70 ont été remplacés (pas en totalité, il en reste, noirs et blancs) par des berlines coréennes, japonaises ou chinoises la plupart, qui fonctionnent au gaz en partie. Pas de photo, ces voitures globalisées n’ont rien de très excitant.
A Port-Saïd, c’est en 504 que je me suis rendu de l’arrêt de bus vers le centre…
A Alger, les taxis sont blancs comme au Caire, mais peu nombreux et pas commodes. Il faut vraiment insister pour qu’ils se donnent la peine de te faire monter. On se croirait encore sous Boumediene, l’argent ne les intéresse pas, et ils s’ennuient de conduire. Le contraste est frappant avec le Maroc, à Tanger par exemple, mais Casablanca c’est pareil en jaune, où les « petits taxis » bleus Fiat Punto (opposés aux « grands taxis » Mercedes blancs crème) se battent et prennent tous les risques pour lever un client.
Une voiture iconique de l’Algérie et plus généralement du Maghreb, qui résiste au temps, est la 404 bâchée tandis qu’en Egypte elle a été remplacée par des utilitaires Chevrolet. Voilà un article précédent sur ce merveilleux véhicule pensé par le génie français :
https://histoiresvraies.org/blog/la-404-bachee/
Autres notes, en vrac :
Les micro-bus Suzuki ne sont pas utilisés dans le Maghreb, alors qu’ils sont très communs en Egypte. Les mini-bus sont les mêmes en Egypte et en Tunisie (blancs, dix à douze personnes avec le chauffeur, marque coréenne ou japonaise), mais ce sont les grands taxis Mercedes qui transportent les Marocains d’une ville à l’autre.
En France, peu de gens prennent le taxi, sauf à Paris, ville plus riche, où on peut trouver des taxis facilement. Les taxis sont chers en France, et les transports en commun sont de bonne qualité, et puis on sort peu la nuit.
A Barcelone, les gens prennent les taxis, moins chers qu’en France. Rien de spécial au niveau de la voiture, mais c’est le coin des rues qui m’a interpellé.
Concernant la mode du tuning, l’Egypte est largement en tête. Un peu comme en religiosité, aucun pays ne peut rivaliser. Egypte démonstrative… avec ses motos chinoises gonflées d’enceintes au niveau des carters, qui envoient de la techno, et des néons bleu-violet.
Enfin, le patron de la ligne de bus Alger–Tizi Ouzou, produit des films amateurs VHS exprès pour ses clients, de la durée du trajet, alors que les autres mettent des DVD classiques… Le bus ou la compagnie s’appelle Le Montagnard. Pour un futur reportage sur le thème en Algérie…