Un guide du crevard
Ce matin, j’étais en plein délire, François Hollande venait de nommer Marine Le Pen ministre des Sports, et je m’imaginais la sortie du livre autour du projet Histoires vraies chez Verticales :
« Enfin un guide intéressant ! Un guide qui parle à nos pulsions ! » (Le Figaro)
Marre du Guide du routard… En partenariat avec les minijupes Mon bonbon, Marseille-Provence 2013 présente le Guide du crevard de Méditerranée, des Histoires vraies à vivre seul ou bien accompagné, avec, au Sommaire :
p. 5 à 12 : aller aux putes en Méditerranée
p. 13 à 18 : picoler à l’aise dans les pays arabes en Méditerranée
p. 35 à 49 : trouver un job de merde en Méditerranée
p. 19 à 32 : acheter du shit en Méditerranée (les bons plans)
p. 33 à 34 : baiser une MILF en Méditerranée
p. 50 à 60 : foutre le feu aux poubelles en Méditerranée (voir aussi à l’entrée « Coptes »)
p. 61 à 83 : manger pour moins de deux euros en Méditerranée…
Malheureusement, j’ai beau faire, et traîner mon micro au plus près des gens, nous n’avons pas assez de matière vécue pour écrire ce guide qui aurait, j’en suis sûr, un énorme succès (avis à Grasset ou Hachette) ou existe déjà (les éditeurs se reconnaîtront).
Polysémie d’histoires
Mine de rien, classer des histoires vraies ce n’est pas de la tarte. Il y a des tas d’histoires différentes, et ce n’est rien de le dire.
D’ailleurs, dans le dictionnaire, quand on dit histoire, on peut vouloir dire :
estoire (récit de 1319 d’événements mémorables)
la petite histoire
drôles d’histoires
histoires à dormir debout
sales histoires
histoires de c…
histoires drôles
histoires vraies (100%)
chichis, façons
plaisanteries
histoires de ouf
histoires tendancieuses
une bien bonne
historiette
histoires de dire
Historier
Historier, c’est mettre en histoire, raconter. Mais historier, dans les arts décoratif, signifie aussi décorer de scènes de personnages, enjoliver d’ornements.
Quand je classe, je modifie, j’édite : mais jusqu’à quel point ? Y a-t-il un point de non-retour du vrai ? Paradoxalement, un film qui déclare avoir été conçu « d’après une histoire vraie » n’a-t-il pas toute latitude pour inventer ?
J’aime l’idée que la matière première histoire vraie puisse vivre, se déformer, se transformer en fonction des gens qu’elle rencontre, c’est-à-dire que les histoires vraies ne soient pas seulement un projet de folkloriste, avec comme leitmotiv conserver, figer le passé, mais que l’histoire échappe à celui qui l’a racontée, qu’elle s’évade et prenne des formes diverses…
En tant qu’écrivain, je pourrais donc me permettre d’historier l’ensemble : La Méditerranée, d’après des Histoires Vraies. Tout est dans le « d’après ». Les deux phases : collecte puis le d’après collecte : restitution libre.
Les pourcentages
Une autre possibilité est de classer les histoires vraies en pourcentage :
Le casque, une Histoire vraie à 99%
Mohamed se rend chez sa mère, une Histoire vraie à 95%
Carla Bruni achète un jeune Marocain, une Histoire vraie à 53%
François Hollande se rend sur la tombe de Gamal Abdel Nasser, une Histoire vraie à 7%
etc.
Les histoires seraient classées en fonction de leur véracité, un peu comme l’algorithme de moteurs de recherche nous donne une réponse pertinente à 99, 95, 53, 7%…
Un Almanach
Toujours dans l’idée d’une restitution originale, je pourrais imaginer écrire un Almanach de la Méditerranée, avec des histoires vraies édifiantes pour chaque mois, chaque jour, chaque saison de l’année.
Ainsi nous pourrions enfin réaliser une pataphysique du voyagisme, ce qui me tient à cœur depuis longtemps, qui revendiquerait que le voyageur ce n’est pas nous, mais c’est Nouvelles Frontières. Car le voyagisme est l’activité de voyager avec un voyageur rémunéré, et l’on pourrait idéalement un jour le laisser voyager à notre place pour économiser nos jours de congé.
Sur un tel livre, il faudrait travailler avec un dessinateur qui revendiquerait n’avoir jamais foutu les pieds en Méditerranée, d’ailleurs c’est simple il serait né à Grenoble, ce serait magnifique.