Alain Badiou explique que la philosophie vient après des choses comme l’art, l’amour, la science, la politique, qui sont pour lui des créations de premier niveau, tandis que la philosophie vient dans un second temps; elle n’est pas secondaire, mais seconde. Elle rassemble dans ce retard un dire sur le temps, avec cette équivoque qu’il se prétend un dire éternel sur le temps, pas entièrement réductible à ce temps.
La littérature, quant à elle, pourrait s’intercaler à mon sens entre les créations de premier niveau et la philosophie : elle est l’expression de ce temps premier par son sujet : le présent, et par sa matière : la langue vivante. Mais elle propose un second niveau de perception lui aussi en retard sur le monde, dans lequel les personnages jouent le rôle des concepts.
Les histoires vraies sont une matière première de niveau 1 que l’on va rassembler toute l’année 2012, et qu’il s’agira ensuite de réinventer pour leur faire gagner le niveau 2 de création en 2013, à travers des livres, des créations sonores, du théâtre, des vidéos, etc.
Dans un troisième temps, nous ferons don des histoires vraies au MUCEM de Marseille, http://www.mucem.org/ , le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, afin que des philosophes, ethnologues, anthropologues les amènent, grâce à leur savoir-faire, à un nouveau seuil de compréhension.
Ainsi nous aurons traversé les différents niveaux de réalité dont parle Alain Badiou, et envisagé comment ils interagissent entre eux.
Voilà pour la théorie… Maintenant nous sommes déjà en 2012, et il s’agit de mettre en pratique la collecte, de l’ouvrir au maximum de gens possibles dans les treize pays concernés…