Le problème à Athènes, disait déjà Desmothènes (mais c’est à vérifier), c’est que tout le monde parle, mais que plus personne n’écoute.
Aujourd’hui l’enjeu, en particulier dans nos jolies confortables démocraties, n’est pas seulement de s’exprimer librement mais avant tout de savoir écouter librement.
A l’ère numérique, de chez soi, on est tous capable de produire des langages diversifiés, blogs, tweets, musique, opinions sur des forums, chats, etc. On passe notre temps à se demander ce qu’on va dire, puisqu’on s’est donné le droit de s’exprimer. Mais on oublie peut-être un peu de prendre le temps d’ouvrir les oreilles.
Je me rends compte de l’attention que ce genre d’ouverture implique, avec les interviews que je fais chaque jour. Je mets le casque audio sur les oreilles et j’enregistre, mais je me dis en même temps : comment je vais pouvoir utiliser cette matière. Et finalement j’écoute mal, je suis déjà dans l’avenir, et le présent de l’histoire, le plaisir de vivre quelque chose que l’on te raconte, s’évapore, remplacé par le soucis de ce que je pourrais en faire.
Il faut que j’apprenne à faire silence dans ma tête pour entendre ce que les gens ont à dire. Ce sera un des défis personnels de ce voyage.