La valeur intrinsèque d’un livre ne dépend pas de l’importance du sujet (sans quoi les théologiens l’emporteraient, et de loin), mais de la manière d’aborder l’accidentel et l’insignifiant, de maîtriser l’infime. L’essentiel n’a jamais exigé le moindre talent, écrit Cioran dans De l’inconvénient d’être né.
Ces histoires vraies, ces bribes que nous laissent les gens, sont à mon sens une manière d’aborder l’accidentel et l’insignifié (plutôt que l’insignifiant d’ailleurs). Les histoires vraies sont des sortes de paraboles de nos vies non-illustres, de petits contes moraux sans cibles particulières. Un ami, Dominique, disait pour définir une histoire vraie : le fruit de notre mythologie personnelle.
Toute la question étant alors, si on admet que chacun a une histoire vraie à partager avec le reste de la planète : que conserver dans le cours d’une vie ? Que choisir dans l’éreintant récit de nos existences ?
Le hasard des souvenirs, le jeu de la mémoire et le plaisir de raconter, parce qu’on sent que cette histoire mérite d’être entendue, sont les seuls guides à suivre.