Histoires vraies du Dedans

J’ai fait ce que j’ai fait, par Răul-şi-atât

2 mai 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Cette histoire est tirée du volume 1 des Histoires vraies du dedans dans le cadre des ateliers menés en 2015-2016 dans les centres pénitentiaires des Baumettes à Marseille et Toulon-La Farlède, le centre de détention de Tarascon et à la Valentine, dans l’établissement pénitentiaire pour mineurs.

 

À l’âge que j’ai, 22 ans, je n’ai fait qu’enchaîner les peines de prison. J’ai essayé plein de fois de me faire une plus belle vie, mais ça n’a pas marché. Depuis tout petit j’ai eu une vie très tourmentée. Je n’ai pas su ce qu’est une famille, de l’amour, la joie d’avoir des parents.

À 19 ans, je me suis fâché avec mon père, je suis parti en Italie, ça n’a pas bien marché, je suis resté ce que je suis resté. En France, j’ai fait ce que j’ai fait, je suis passé derrière les barreaux, j’ai pris 6 mois, puis je suis sorti. Je suis rentré au pays, chez mon père bien entendu, et quoi dire d’autre sinon que j’ai retrouvé là-bas des problèmes de famille et des dettes. Ensuite toute la famille, maman, un de mes frères et moi, donc presque toute la famille, nous sommes partis en Italie.

En Italie, on a fait tout le possible pour acquitter les dettes de papa. Même si ce n’était pas mon problème à moi. Il nous a rejoints, il a eu des problèmes, a écopé de 3 mois de prison, et pendant qu’il y était, je suis parti en France. J’ai fait ce que j’ai fait et je me suis retrouvé moi aussi en prison. Nous voilà donc tous les deux derrière les barreaux.

Ensuite, il a été libéré et il est rentré à la maison. Pendant ce temps, je purgeais mon année dans une prison française. Ma peine a passé, le jour de la libération est arrivé, je suis rentré à Bucarest, j’ai téléphoné à papa, je lui ai dit que je n’avais pas d’argent.

Je suis arrivé comme je suis arrivé à la maison et je ne lui ai plus adressé la parole. Je suis resté le temps que je suis resté, puis je suis parti en Espagne pour travailler. Le travail n’a pas bien fonctionné pendant ces trois mois. Voyant que ça ne marchait pas, je suis rentré en France. Mais j’avais une interdiction d’entrer sur le territoire, c’est une vraie plaie, ça, et je suis retombé pour ça…

J’avais été condamné, la première fois, pour un vol que je n’ai pas commis, mais comme j’étais avec le type qui a fait ça, j’ai écopé moi aussi d’une peine d’interdiction. Maintenant, j’ai encore six mois à tirer, j’attends le 27 mai.

Răul-şi-atât, Marseille 2015. Traduit du roumain par Laure Hinckel.