Histoires vraies de Haute-Provence

Les chèvres, par Nicolas

28 mars 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Transcription de l’histoire audio

Un champ à proximité d’Esparron-sur-Verdon.

Je devais avoir une dizaine d’années, je pense dix ans. Ma tante qui était assez baroudeuse, qui travaillait pas mal dans les champs, m’emmenait en été et on s’est retrouvés du côté d’Esparron-sur-Verdon. Nous, à cette époque-là, on habitait un petit village qui s’appelle Rognes, pas dans le coin du tout. On est arrivés chez un berger qui partait en vacances et qui refilait le troupeau de chèvres à ma tante tout l’été. C’était un troupeau de 30 chèvres et il y avait une espèce de grande grange où on a dormi tout l’été dedans, à la belle étoile, sur de la paille. Ma tante, en gardant ces chèvres, devait toutes les traire à la main avec un autre type. Ensuite, elle faisait le fromage.

Moi, je faisais le berger : je prends contact avec ces chèvres, ils me les font découvrir. On a une bonne discussion avec toutes ces chèvres, on s’entend bien. Ils me présentent aussi un espèce de chien qui va m’aider à garder les chèvres : ce chien a une patte en moins et un morceau de peau qui manque sur la joue. Même la gueule fermée, on voit ses dents. Vraiment, un éclopé pourri. Il m’apprend deux-trois mots à dire au chien pour aller récupérer les chèvres. Avec un mot, il courrait sur ses trois pattes et allait chercher la chèvre qui s’était perdue. Ce qui était sympathique, c’est que je me suis vraiment pris pour un petit berger. Les chèvres m’ont suivi assez rapidement, la première, celle de tête, me suivait. C’est une drôle de sensation pour un gamin d’être le berger de toutes ces chèvres qui te suivent partout, avec un chien pour lequel on connaissait deux ordres. C’était rigolo.

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Le sale boulot était pour ma tante qui trayait les chèvres. Pour les traire, ils les enfermaient toutes dans le hangar et les faisaient sortir une par une. Ils les trayaient puis les mettaient dans un champ. Il en restait une dans le hangar. Pour ne pas qu’elle sorte, on me dit : « Nicolas, va surveiller la porte du hangar et met toi devant pour ne pas qu’elle sorte. ». Je me met en plein milieu et la seule chèvre qui restait a dû se sentir coincée. Elle m’a regardé, elle a commencé à baisser la tête et elle m’a chargé. Elle avait pris toute la longueur de la grange et elle m’a fait gicler. Explosé. C’est la première fois que j’ai cru voir plein d’étoiles, comme dans une bande dessinée. Elle ne m’a pas fait mal, mais elle m’a fait un beau KO.

Nicolas