Histoires vraies de Haute-Provence

Le défilé du 14 juillet 1992, par Christophe

28 mars 2021

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée le 30 mars 2018 à Revest-Saint-Martin

Transcription de l’histoire audio

Des militaires défilant en blanc sur les Champs-Élysées.

 Ce sont deux petites histoires, sur la même journée, qui se sont déroulées avec trois heures de décalage.

C’était le 14 juillet 1992 à Paris. On était invités avec l’équipage de mon bateau, on défilait en l’honneur de François Mitterrand. Notre bateau a été mandaté pour défiler en blanc, en premier sur les Champs-Élysées. Donc on se pointe à 5h15 du matin au garde-à-vous sur les Champs-Élysées, et on attend « Monsieur Mitterrand ». Les heures passent… Et c’est long ! Il passe à 9h45 parce que le défilé commence à 10h30, donc il passe en revue les troupes à 9h45 avec sa jeep mobile et pas un regard, strict. Mon chef de bataillon parle fort et il dit : « Regarde-moi ce connard ! Même pas il nous regarde ‘con ». Et la jeep s’arrête. Mitterrand fait un geste et il regarde mon chef de bataillon, blanc. Et puis il nous regarde d’un regard sec Mitterrand, très droit dans ses baskets. Et il fait signe à la jeep de repartir.

Ma mère, fière que son fils défile aux Champs-Élysées, a enregistré la scène sur une cassette vidéo VHS. Ce qui est marrant, c’est qu’on voit la jeep passer devant nous, elle s’arrête. Et puis les journalistes qui sont très forts, disent : « Ah ! Tiens ! François Mitterrand félicite un homme de son bataillon ! ». Alors qu’en fait, il l’avait insulté. Ça, c’est la première petite histoire !

Trois heures plus tard, enfin on défile sur les Champs-Élysées. On avait passé 15 jours à s’entraîner ! Vous savez, nous les marins, on est pas réputés pour marcher au pas parfaitement bien. On est des bons buveurs, des bons fêtards, des bons marins, mais on est pas des bons marcheurs au pas.

On nous avait dit : « Les gars, vous allez passer en premier sur les Champs-Élysées. Il y a tout le monde qui vous regarde. Je veux que ce soit nickel, pas un pompon qui dépasse ! ». On avait frotté les pompes, on avait les guêtres blanches, les sabres… On était tout en blanc.

Et on défile juste après la Garde républicaine. Donc je vous laisse imaginer la tonne de crottin sur les Champs-Élysées ! Dans l’image où on nous voit défiler, vous voyez 220 bérets, enfin pompons rouges et bérets qui montent et qui descendent. Personne était nickel. La caméra essayait de nous suivre. Une catastrophe ! On a été la risée du 14 juillet 92 !

Christophe