Histoires vraies de Haute-Provence

Le téléphone sonne, par Éric

14 mars 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Une histoire recueillie à Redortiers.

Quand, on est arrivés ici, on avait pas le téléphone. Évidemment, on s’est retrouvés dans une ferme complètement isolée et nos seuls voisins c’était les Esmieu, lui il s’appelait Aubin et sa femme s’appelait Marie – ce qui faisait au bain-marie. Ils étaient adorables, gentils. Et leur fils s’appelait Émile : il avait fait son service militaire mais il n’était jamais trop sorti de chez lui.

Pour lire une autre histoire liée à cette ferme : Shirley la professeure de tennis, par Éric

Le premier hiver, quand même, ça été très dur. Il y avait de la neige. On a été bloqués et on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on ait le téléphone. Mais c’était pas évident parce qu’il n’y avait pas un câble de téléphone sur le plateau. Il n’y avait rien. On a fait une demande et on a demandé à nos voisins Aubin et Marie de faire une demande de téléphone pour nous aider, nous appuyer un peu. Finalement les gens sont venus nous installer des câbles, des poteaux. Un beau jour on a reçu nos annuaires et un soir des gens viennent et nous disent : « Vous pouvez brancher ».

La nuit tombait, on fait l’essai : « Allô, oui, oui, ça marche ? ». Le gars raccroche et nous dit : « Votre téléphone marche. ». Je lui demande s’il a branché chez les voisins. Il me répond que oui et puis il part.

Je dis : « Bon, on va les appeler. ». Ça sonne, mais rien. Je me dis qu’évidemment ça ne doit pas marcher. Je prends la voiture et on va chez les voisins. À cette époque là, ils n’allumaient pas la lumière le soir. C’était pas la peine puisque comme ils disaient, ils connaissaient la maison par cœur. Ils me voient arriver et quand je tape à la porte, ils allument.
– Marie ouvre et me dit : « Ah ! Monsieur Deschamps ! Qu’est-ce que vous faites là ? »
– « Écoutez, je vous ai appelé au téléphone. Vous n’avez pas entendu le téléphone sonner ? »
– « Eh ben si. »
– « Pourquoi vous n’avez pas décroché ? »
– « On savait pas qui c’était. »
– « C’était moi ! Je retourne à la maison et je vais vous appeler. Vous pouvez décrocher, c’est moi ! »

En repartant, je me suis dit que si chaque fois que je dois leur téléphoner, je dois aller les voir pour leur dire que je vais téléphoner, finalement c’est pas un gros progrès.

Éric