Histoires vraies de Haute-Provence

La rose d’Algérie, par Michel

14 mars 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Une histoire recueillie à Redortiers.

 C’est une histoire de paix dans la guerre.

La guerre d’Algérie, en 1962, près du barrage électrifié qui sépare la Tunisie de l’Algérie. Dans des circonstances qui n’ont pas grande importance, j’ai été blessé et je suis dispensé de port d’armes à titre définitif. Je deviens secrétaire d’un capitaine médecin. Nous avions dans ce dispensaire une infirmière analphabète. Mais c’était une femme extraordinaire, capable, dans mon souvenir, de reconnaître deux cents médicaments, simplement sur une tâche de couleur ou sur un signe..Je vous rappelle que nous nous contentons de vingt-six signes de l’alphabet pour nous y retrouver.

Nous nous rendions pour soigner dans des hameaux abandonnés avec des pistes défoncées. 150 ans après notre « généreuse présence », elle nous faisait savoir si nous pouvions aller soigner dans tel ou tel village, selon que les gars du FLN étaient présents ou non.

Et, bien entendu, nous respections cette information que nous ne communiquions point aux officiers supérieurs. Et un beau jour, nous sommes allés dans un hameau, avec un chauffeur, ce capitaine médecin et moi, pour soigner une femme qui était victime d’une hémorragie après un accouchement qui s’était mal passé. Et, tout ce qu’avait pu dire ce médecin, c’est : « Cette femme va mourir dans une heure. ».

Avant d’arriver dans ce hameau, dans ce pays désertique, déshérité, il y avait un petit jardin avec un muret de pierres sèches, un peu comme ici. Et là, il y a un paysan qui nous arrête et qui nous offre une rose, parce qu’il savait sans doute que nous ne risquions pas de trahir ce secret passé avec cette infirmière. Nous nous rendions sur ces lieux lorsqu’on nous y autorisait.

Et, ce que je veux dire, c’est que cette rose, aujourd’hui je l’offre aux Algériens.

Michel