Histoires vraies de Haute-Provence

La laie apprivoisée, par Lucienne

7 mars 2021

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée en mars 2018 à Saumane

Transcription de l’histoire audio

C’est l’histoire de Djedjet. Djedjet, c’était une femelle sanglier, une laie. À l’époque, j’étais chevrière à La Rochegiron, sur la commune d’à côté, vers le Contadour là-bas. Mon ami m’avait ramené un bébé sanglier qu’il avait trouvé, c’était un chasseur. La maman de ce bébé apparemment, elle avait été tuée au cours de la chasse et on avait ramené ce bébé puis on l’avait enfermé dans une grande cave. Il y avait une bergerie sous la maison.

Elle était très sauvage et tous les jours moi je lui portais à manger, mais elle fuyait, elle se cachait, je l’appelais et j’essayais de lui parler jusqu’au jour où, enfin, elle s’est approchée de moi et elle s’est couchée de manière à ce que je lui caresse le ventre. Elle était toute petite, elle avait je pense 6 mois et donc là, après, elle est devenue tout a fait domestique. Elle me suivait tout le temps et je l’amenais avec moi dans le troupeau parce que j’avais des chèvres et donc elle vivait avec les chèvres, ça a duré jusqu’au printemps. Elle avait grandi, elle se déplaçait avec moi quand j’allais garder les chèvres et puis un jour elle est partie, elle est plus revenue, elle est allée faire sa vie quoi.

Au mois de septembre, où il y a eu l’ouverture de la chasse à nouveau, moi je m’étais dit : « Djedjet, c’est fini, je ne la reverrai plus. ». Et puis un soir, je vais chercher mes chèvres et je les ramène, et qui je vois ? C’était le premier jour de la chasse, est-ce qu’elle a eu peur ? Est-ce qu’elle a senti quelque chose ? Djejet est revenue dans le troupeau.  Alors là je me suis dit : « Il faut que je la sauve parce que sinon, ça va mal se terminer pour elle ». Je remontais le troupeau à pied et je l’appelais : « Allez, viens ! Viens ! ». Elle suivait, elle suivait et il y a eu une intersection à un moment donné, on voyait la ferme. Là, elle s’est jetée dans le bois et elle a plus voulu sortir. La nuit tombait, il y avait les chèvres qui filaient, enfin il fallait que je rentre. Je l’appelais, je l’appelais, elle a plus voulu sortir du bois. Je me suis dit que c’était foutu, et je ne l’ai plus revue.

Lucienne