Histoires vraies de Haute-Provence

Le drap, par Agnès

13 février 2021

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée le 16 mars 2018 à Ongles

Transcription de l’histoire audio

C’est une anecdote qui m’est arrivée entre 1975 et 1978, j’ai habité dans une bergerie à l’écart de tout. Il fallait faire une demi-heure de marche à pied pour y arriver, c’était dans les Alpes-Maritimes. Au bout de trois ans, j’avais plus de sous donc il fallait que je trouve du travail et à cette époque-là on n’avait pas de téléphone portable. Ça n’existait pas. J’avais écrit à différentes maisons d’enfants parce que je suis éducatrice pour retrouver du travail. C’était un petit peu compliqué de communiquer parce que des fois ils ont besoin de personnel très rapidement !

Je connaissais tous les paysans du coin, bien sûr ils étaient pas très nombreux, et il y avait une ferme de l’autre côté de la vallée. De ma bergerie je la voyais. La dame qui habitait là-bas avait le téléphone et elle m’a dit avec son accent chantant des Alpes-Maritimes : « Mais écoute Agnès, il faut que tu sois mise au courant, tu as besoin de travail. Il faut que s’il y a une place tu puisses y aller de suite. Donc on va faire quelque chose, je mettrai le drap à la fenêtre, ça veut dire que tu as été contactée par téléphone ».

C’était le code. Effectivement c’est arrivé, j’avais trouvé du travail à Méreuil dans les Hautes-Alpes et ils ont téléphoné chez cette famille d’agriculteurs. Elle a mis le drap, sauf que le jour où elle a mis le drap, il y avait du brouillard donc je ne l’ai pas vu le jour même et le lendemain parce qu’il avait fait mauvais temps pendant plusieurs jours. Trois jours après, je vois le drap. Je file chez elle, j’avais quand même ma petite marche à pied à faire, j’arrive chez elle et elle me dit : « Mais Agnès ! Ça fait trois jours qu’il y a le drap ! ». J’ai communiqué avec la maison d’enfants de Méreuil, je les ai appelés et je leur ai dit : « Écoutez, j’ai été informée un petit peu en retard… ». Je ne leur ai pas expliqué de suite l’histoire du drap parce qu’ils se seraient demandés sur quelle folle ils tombaient ! J’ai pris mon sac à dos, mes grosses chaussures parce que j’étais dans la montagne, je suis descendue à pied jusqu’à Puget-Théniers et je suis allée à mon travail. Je suis arrivée dans l’après-midi vers 4-5 heures avec mon gros sac à dos, mes grosses chaussures et l’éducateur-chef qui était présent à l’époque m’a fait connaître la boîte où j’allais travailler. C’était rigolo et je me disais qu’à notre époque ça n’existerait plus !

Agnès