Histoires vraies de Haute-Provence

La châtelaine, par Agnès

13 février 2021

Temps de lecture : 3 minutes


Une histoire collectée le 21 mars 2018 à L’Hospitalet

Transcription de l’histoire audio

Le village de Simiane. Crédit : AD 04.

C’est une histoire de rencontre, quand je suis arrivée ici il y a longtemps, je n’avais pas de travail, ça ressemble un peu à l’histoire de Hilde. Aussitôt installée, aussitôt je cherchais du travail. Je prenais ce qu’il y avait bien sûr et de suite j’ai trouvé pour faire du ménage chez une personne très riche, bourgeoise, à Simiane.

J’étais quand même très jeune, je suis rentrée dans cette demeure, c’était une très grande maison où vivait juste une dame. Une dame âgée qui était veuve, vraiment pas du tout agréable. Elle regardait d’une façon méprisante. C’était vraiment pas une très bonne ambiance pour travailler chez elle mais j’accepte. Elle avait deux setter irlandais je me rappelle bien de ça, c’était une catastrophe il y avait des poils partout.

Elle avait un très grand salon et elle mangeait seule au bout d’une immense table. Moi je faisais les repas, il y avait une toute petite cuisine et je mangeais à côté de la chaudière qui faisait un bruit pas possible et elle, elle était dans sa grande pièce, toute seule. C’était sordide !

Elle me testait un petit peu. C’était au début, j’avais fait juste quelques jours chez elle et à un moment donné, elle m’appelle pendant qu’elle mangeait. Elle me dit : « Allez me chercher la poubelle ». Eh bien moi, je suis allée chercher la poubelle bien sûr, et je suis allée chercher la poubelle de cuisine et pas la poubelle de table. Je suis arrivée près d’elle avec ma poubelle. Elle m’a dit : « Mais qu’est-ce que c’est ? Quelle éducation vous avez eue ? » C’était terrible, elle m’a pourri, pourri… Là, je me suis dit c’est trop, c’est pas possible. Donc je lui dit : « Écoutez, une poubelle de table, je ne sais même pas ce que c’est. Je suis vraiment désolée, effectivement je n’ai pas été éduquée comme vous, donc ou vous m’expliquez gentiment et vous changez de façon de parler sinon je pars, parce que ça ne me plaît pas. »

Et on est devenues les meilleures amies du monde avec cette dame. Elle m’a expliqué qu’avant d’être dans cette grande demeure, elle était femme de ménage chez ces gens-là, elle a épousé le fils. Et sa future belle-mère lui avait demandé quand elle était femme de ménage de dresser la table, ce qu’elle avait fait, et elle lui avait ensuite intimé l’ordre d’aller chercher un escabeau, de se mettre sur l’escabeau pour regarder ce qu’il manquait.

Et de là, c’était devenu super de la connaître. J’ai passé des moments super agréables à travailler pour elle. Je mangeais avec elle à sa table, et ensuite elle m’a proposé de venir vivre chez elle, mais j’avais ma vie quand même ! Ensuite j’ai trouvé un autre boulot et je l’ai quittée. Le dernier jour, elle était vraiment triste. Elle m’a dit : « On va aller manger au restaurant ». Moi, j’avais une 4L pourrie, le siège passager était défoncé. Je lui ai dit : « Mais comment on y va ? », parce qu’elle était très âgée. Elle me répond : « Non mais avec ta voiture ! Le siège ça fait rien ! » On est allées manger toutes les deux au restaurant, on a bu du champagne, on est reparties à moitié pompette l’une comme l’autre, c’était super ! On s’est quittées comme ça !

Agnès