Histoires vraies de Haute-Provence

Sylvie des neiges, par Martine

7 février 2021

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée le 14 mars 2018 à Lardiers

Illustration du texte par Fanny Blanc, parue dans La Provence.

Transcription de l’histoire audio

Fin 1985 j’habitais au dessus de Castellane dans un hameau, à 1000 m, perdu dans la montagne, j’étais enceinte et il faisait très, très, très froid. Nous on n’avait rien du tout, mais tout le Var, la Côte d’Azur, ils étaient sous la neige. Début janvier 1986, le temps s’est radouci et chez nous il neigeait, il neigeait. Tous les jours, il neigeait un peu plus, un peu plus, un peu plus.

Le père de mes filles avait un tracteur pour déneiger parce qu’on habitait dans un coin paumé, donc tous les jours il allait déneiger. Et puis à la fin du mois, dans la nuit, j’ai senti que c’était le moment. Je l’ai réveillé et je lui ai dit : « Maintenant il faudrait qu’on bouge… » Moi je me suis levée à 4 h du matin, il m’a dit qu’il était fatigué parce qu’il déneigeait tous les jours, il m’a dit : « Écoute, dors encore un peu ! » Donc j’ai patienté tant que j’ai pu et j’ai fini par me lever et descendre. Quand j’ai ouvert la porte de la maison, il y avait la 4L qui était garée devant la maison, je ne la voyais plus, elle était dans la neige. Il y avait 1,20 m de neige !

Il a essayé d’aller jusqu’au hangar pour sortir le fourgon, on était censés partir à Draguignan mais il y avait des congères contre le hangar. Il est revenu, il a mis 1 heure pour faire les 300 m entre la maison et le hangar, il est revenu et il m’a dit : « Là il y a un problème, je peux rien faire… » J’ai appelé le docteur : « Pas de problème, je fais décoller l’hélico et on vient vous chercher ! » Il me rappelle un moment : « Ben non, l’hélico il ne peut pas décoller à cause de la tempête de neige. »

Qu’est-ce qu’on fait ? Heureusement qu’on avait un tracteur hors du hangar avec une cabine et les 4 roues chaînées, donc il m’a chargée dans le tracteur et je suis descendue à Castellane pendant que les pompiers montaient à ma rencontre. À Castellane, c’était pas une maternité, c’était un hôpital de vieux donc le toubib a réussi à me faire accoucher dans une pièce au sous-sol. Il y avait des coupures d’électricité : on se voyait, on se voyait plus, enfin bon…  Sylvie est arrivée à 8 h du matin et au village tout le monde l’a appelée « Sylvie des neiges » ! 

Martine