Histoires vraies de Haute-Provence

Police ! Ouvrez !

7 février 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Une histoire recueillie à Montlaux.

C’était en 1977, je venais d’avoir 18 ans. J’habitais un petit village vers Castellane, c’était à l’époque de Noël et avec trois copains on avait loué un appartement. Un lieu un peu barjo, mais ça nous allait.

Le propriétaire nous a dit : « Pour le premier loyer, il y a un tas de sable : vous le montez au premier et ça sera bon ». On commence à aménager l’appartement, la première nuit on a failli crever parce que le poêle s’est mis à fumer. On avait pris le poêle et on l’a jeté dehors, ça caillait ! On vit là dedans presque un mois.

Et un jour, à 4 heures du matin, on frappe. « Police ! Ouvrez ! »

Je dis : « Je vais ouvrir ! ». Je commence à descendre l’escalier et le copain me dit : « Ah non tu n’ouvres pas la porte ! ». Je lui réponds : « Mais on a rien fait ! » Il prend une grosse bûche et me dit :

– « Si tu ouvres je te lance cette bûche sur la tête ! »
– « On fait quoi ? »
– « Toi tu sautes par la fenêtre ! »

Je saute, le copain fait pareil et le dernier, Gary, saute et se fait gauler par les flics. Ils le tabassent, ils lui cassent les poignets mais il arrive à s’échapper. Moi, j’étais dans la forêt. Je me suis même endormi parce que j’étais crevé ! Gary arrive :
– « Ça va ?»
– « Non je me suis fait tabasser je veux pisser mais je ne peux pas ! »

Je l’aide à pisser et je lui demande où est Marc, il me répond qu’il pense que les flics l’ont chopé. Le matin, des chasseurs partout ! Ils avaient organisé une battue pour nous récupérer. La chasse à l’homme ! Ils avaient tous mes papiers dans l’appartement, donc je suis allé voir les flics. Ils me menottent et Gary part à l’hôpital. Dans la gendarmerie de Castellane, on est chacun dans une cellule à moitié à poil… Après 11 jours à Digne en prison pour les fêtes de Noël, le gendarme nous a dit : « Pas de chance ! Vous venez juste d’avoir 18 ans. Majeurs ! Au gnouf ! »

On a su après ce qui s’était passé, le propriétaire nous avait pris pour des terroristes, il pensait qu’on avait des armes. Gary avait des problèmes de pied, il se les lavait tous les soirs avec un produit qui sentait l’éther. Le propriétaire a paniqué et s’est dit qu’on était des terroristes et qu’on se droguait ! Gary était plus âgé que nous, il avait fait des conneries et on le savait pas. Nous on était de jeunes innocents de 18 ans !

Il y a eu un non lieu, et un bel article dans Le Nouvel Obs.