Histoires vraies de Haute-Provence

Le bal masqué, par Adrienne

7 février 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Une histoire recueillie à Lardiers.

La ville de Neuf-Brisach

J’étais invitée par des cousins à Neuf-Brisach, en Alsace. Il y avait un bal costumé et il y avait une personne qui aimait une certaine fille – tout ça je l’ai su après mais je l’avais remarqué. Il m’aimait bien et on dansait ensemble.

Avant que ce jeune homme ne me demande de danser, moi je n’osais pas inviter des jeunes, parce que Neuf-Brisach est une ville pour soldats, c’était une forteresse construite par Vauban. Toujours est-il que je me suis permise de chercher des messieurs plus âgés que moi. Je ne connaissais personne, j’avais jamais mis les pieds à Neuf-Brisach. Sans le savoir j’ai choisi le Maire et l’un de ses conseillers. Du coup celui qui s’était entiché d’une jeune fille croyait que je connaissais les gens !

Le gars, il croyait aussi que c’était moi la fille dont il était amoureux, j’avais à cette époque une dent recouverte en or et on la voyait à travers mon déguisement de loup. Pour ne pas le tromper, j’essaie de lui expliquer : « Monsieur vous vous trompez ! » Ça ne servait à rien, il ne croyait pas ce que je lui disait et il m’a demandé de le garder pour la dernière danse. La dernière danse, à minuit, c’est celle où il faut enlever le masque… Je lui ai répété : « Je veux bien vous retenir la dernière danse, mais vous faites erreur ! » Pas moyen de le convaincre.

À un moment il m’a dit : « Qui est-ce qui sert ce soir ? » Alors je me suis dit, servir un jour de fête, cela ne peut être qu’au bistrot ! J’ai répondu bêtement tout de go : « Mon père ! », ce qui n’est pas vrai mais qui aura une importance dans l’histoire.

À minuit, j’enlève mon masque de loup et il n’en revenait pas ! Il croyait toujours que j’étais quelqu’un d’autre. Moi aussi, j’ai été feintée à un moment donné pour une autre raison : à un moment j’avais besoin d’aller au petit coin et il y avait un gars que je ne connaissais pas davantage qui me dit en alsacien : « Bien sûr ! Tu es Mademoiselle Schmidt ! » Je me suis dit : « Mais qui est-ce qui me connaît ici puisque j’y ai jamais mis les pieds ?! », parce que moi aussi je m’appelle Schmidt. Ensuite, j’ai raconté toute l’histoire à mes cousins et ils m’ont dit : « Évidemment ! La fille en question qu’il courtise, elle s’appelle Denise Schmidt et son père a un café ! »

Adrienne