Histoires vraies de Haute-Provence

D’ailleurs et d’ici, par Françoise

7 février 2021

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée le 23 mars 2018 à Saint-Étienne-les-Orgues

Transcription de l’histoire audio

Une bergerie à Chapellane

C’est une histoire de Lardiers. Au moment de l’histoire, j’habitais à Paris, je ne connaissais pas la région et j’étais juste là pour le plaisir et la découverte. L’été 2004, j’ai trouvé au Bleuet à Banon un livre qui s’appelle Le sacre du berger, petit livre sur les parcours de moutons dans la montagne de Lure.

À la fin du livre, il est question des bergeries de Chapellane. Telles qu’elles sont décrites dans le livre, ces bergeries sont comme des cathédrales en pierres sèches. La description qui en est faite était magnifique. Donc évidemment je me dis qu’il faut absolument que j’aille voir ces bergeries pour les découvrir. Il y a un monsieur très gentil et très sympathique à Lardiers, né à Lardiers : Yvon. Il n’y est pas resté tout le temps car il a travaillé un peu à Digne mais il était de là depuis toujours. Je lui demande donc s’il veut bien m’emmener aux bergeries de Chapellane. « Oui, oui, oui ! », me répond-il. Il a un petit 4×4 pour monter dans la montagne.

Le dimanche suivant, sa femme avait préparé le pique-nique, la glacière, le rosé et il y avait deux petits enfants avec nous. Et nous voilà partis dans cette petite voiture. On sort de Lardiers, on passe l’Hospitalet, on descend, on arrive en bas de Saumane, et là on tourne à droite.

J’ai dû lui dire quelque chose du style : « C’est par là ? » Et là il me répond : « Je ne sais pas, je n’y suis jamais allé ! »

J’ai trouvé ça extraordinaire, on a passé une journée absolument merveilleuse parce qu’en fait, il a découvert ces bergeries en même temps que moi. Et moi l’étrangère, avec ma curiosité d’étrangère, je donnais à quelqu’un du territoire, du pays, son patrimoine qu’il m’offrait en échange. Il était heureux ! Ces bergeries sont magnifiques ! Après et pendant un certain temps, à chaque fois que je le voyais, il me disait qu’à chaque fois que des gens venaient les voir il les emmenaient aux bergeries de Chapellane. Pour moi c’est vraiment une très belle histoire car c’est le partage. On voit comment aussi le regard neuf, le regard de l’étranger permet parfois de nous inviter à regarder des choses qu’on a sous le nez depuis toujours et qu’on ne voit pas.

Françoise