Histoires vraies de Haute-Provence

Jouer avec des Gitans, par Stéphane

31 janvier 2021

Temps de lecture : 2 minutes

Une histoire recueillie à Forcalquier.

J’ai joué avec des gitans qui sont connus. Ils sont à Volx : C’est Romano Graï. Bon, lui c’est un super musicien. Dans toute sa famille, ils sont musiciens. Négrita sa sœur, elle est chanteuse flamenco et rom, enfin gitane. Ils envoient du lourd.

Ils faisaient un concert je sais plus où et je les ai entendus jouer. J’avais une petite percu dans ma bagnole. Je suis allée la chercher, je suis descendu, je les ai écouté jouer et j’ai tapé l’incruste. Au bout de 10 minutes, c’était bon. J’ai joué avec eux et on s’est régalé. À un moment, ils s’arrêtaient de jouer. J’ai envoyé un rythme comme ça au pif et il y a Boy qui m’a regardé, il a pris sa gratte et il a envoyé un truc. Tout le monde s’est remis à jouer. C’était une première rencontre. Ils ont compris l’appel ? Oui, ils ont compris. Il n’y a pas de discussion à faire.

Un album du musicien Manitas de Plata (1921-2014)

Une autre belle rencontre aussi quand j’étais aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Je parlais, j’avais ma petite percu. J’étais avec des potes, on buvait un pot et on voit une Rolls blanche débouler sur la place. On se dit : « C’est qui ça ? » Et il y a un grand monsieur qui descend, c’était Manitas de Plata qui venait aux Saintes parce qu’il a de la famille là-bas. Il nous a entendu jouer un peu, il est venu avec sa gratte et il nous a fait un concert. Moi, j’ai joué un peu avec lui mais j’osais pas… c’est un monstre. Il a improvisé un concert. Il a sorti sa guitare et il jouait à une terrasse de café. Il était 11 heures du soir, il y avait personne. C’était un mini concert privé alors qu’il jouait le soir même ou le lendemain soir dans un gros truc, genre grand restaurant, costume, cravate. On mange le doigt en l’air et ça fait mieux. On est quand même plein de conventions et plein de conneries. Après le concert, j’ai pas osé lui parler. J’osais pas. Pour moi c’est un monstre, c’est comme si je rencontrais Jimi Hendrix. J’étais pas paralysé mais je savais plus quoi dire.

Il est reparti comme ça, tranquille. Il nous a souhaité une bonne soirée, nous aussi et tout le monde est parti. Il a joué un quart d’heure, 20 minutes. Mais bon, le temps n’existe plus dans ces cas-là. C’est un passage temporaire, intemporel. C’est une brèche dans le temps.

Stéphane