Histoires vraies de Haute-Provence

Gilan, le maître percussionniste, par Stéphane

31 janvier 2021

Temps de lecture : 3 minutes

Une histoire recueillie à Forcalquier.

Ma plus belle rencontre, c’est Gilan. Je jouais de la percussion depuis très longtemps mais je m’apercevais que je tournais en rond. Enfin… que j’évoluais pas assez, je restais toujours dans les mêmes schémas rythmiques. Même en écoutant plein de trucs, quand je jouais pour moi je tombais dans les mêmes schémas. J’me suis dit : « Il faut que je progresse », et je vois un jour une annonce. Je vois qu’il y a un mec qui donne des cours de percu. Je me dis : « Je vais aller voir ! » J’avais d’acheté un djembé et ça tombe bien, parce qu’il donnait des cours de djembé. J’y vais. J’ai pris des cours et c’était une formidable rencontre. C’était un maître musicien, un djembefola, un maître : vraiment un maître de la percussion et il m’a enseigné que des bonnes choses.

Ça s’est passé chez lui, dans son asso, dans son local. On était 4 ou 5 au début. Le premier cours était gratuit. Il nous avait dit : « On fait une première séance gratuite pour vous mettre en condition, voir si vous êtes intéressés. » Moi, j’ai dit d’entrée, je suis intéressé. Je prends un aller direct. C’était à Saint-Maime, dans une grande maison. Il y avait plusieurs couples qui vivaient là, notamment Gilan le maître percussionniste avec sa compagne. Il avait aménagé un grand local et il donnait ses cours là.

On faisait des teufs, des représentations, toutes sortes de trucs. C’était un bon moment dans ma vie d’échanges et de rencontres. Et, grâce à lui, j’ai été dans des festivals. On a joué dans des trucs où on aurait jamais dû jouer. J’ai joué avec des musiciens avec qui j’aurais jamais dû joué. À Lagnes, à Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme, etc.

Comment ça se passait ? Ben on y allait ensemble parce que moi j’étais fou de percu. On se réunissait à deux ou trois, on traçait, on allait là-bas. Pour voir ce qu’il se passait, on regardait les instruments, les groupes et après on se fondait un peu dans la masse et on jouait. On s’imposait un peu et on faisait voir que nous aussi on savait jouer et ça marchait bien.

À Cruis, j’ai fait plusieurs années. Je me suis retrouvé une année pseudo leader du groupe. Il y avait 20 percussionnistes et des cracheurs de feu devant nous qui faisaient le spectacle. La gendarmerie déboule à une heure du matin ou minuit, ils viennent vers moi et me disent : « Vous dites à vos amis… », mais j’dis : « Mais, moi j’suis comme eux ! » Ils me disent : « Mais c’est vous le leader ? » Non, non, non, c’était pas moi : ils pensaient que j’étais le leader du groupe parce que je jouais mieux que les autres. Donc, ils se sont dit que j’étais le chef.

Et à Lagnes, ça m’est arrivé la même chose. Je jouais et il y avait plein de percussionnistes. On faisait des bœufs, je me suis installé. Il y a un black qui déboule, il venait de la scène et des concerts, parce qu’il y avait des concerts au-dessus et des scènes improvisées en bas. Et entre deux concerts plus intéressants que d’autres, moi je jouais. Le mec tombe devant moi et me dit : « Toi tu sais jouer ! » Je répond que oui et il me dit : « Qu’est-ce que tu veux boire ? » Il m’a ramené une bière de la Jamaïque que j’avais jamais bue de ma vie, 50 cl, une excellente bière. Il m’a dit : « Tiens : cadeau. Fais-moi plaisir, continue ! »

Stéphane