Histoires vraies de Haute-Provence

L’arrestation de Nicky, par Gérard et Alex

24 janvier 2021

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée le 13 mars 2018 à Longo Maï

Transcription de l’histoire audio

Tous les gens qui n’étaient pas français, quel que soit le pays d’origine, qui restaient ici [à Longo Maï] plus de trois mois devaient faire une demande de permis de séjour pour rester. Ici, il y en a 8 qui ont fait une demande de permis de séjour parmi le groupe d’une trentaine qui ont fondé la coopérative – heureusement ils n’ont pas tous tenté le coup. Évidemment, la réponse n’a pas traînée : demande refusée, avec obligation de quitter le territoire dans les deux semaines. Tout ça évidemment parce que si des jeunes gauchistes étrangers venaient ici à Limans en disant que c’était pour faire de la culture, non ils venaient ici parce qu’à 15 km à vol d’oiseau il y avait la base du plateau d’Albion. Avant l’ère des sous-marins nucléaires, c’était quelque chose de très important puisqu’il y avait des missiles qui allait nous « sauver » par rapport aux Russes. Il y avait juste un petit truc gênant, surtout pour les Allemands, c’est que la portée de ces missiles était relativement limitée et ils étaient capables simplement d’arrêter les Russes une fois qu’ils étaient en Allemagne. Il y avait aussi le CEA de Cadarache à proximité. Longo Maï est au milieu, « comme par hasard ». On s’est aperçus par la suite que n’importe où on s’implantait en France, il y avait toujours quelque chose. On était un jour dans la Crau, et on savait pas qu’il y avait une super base d’écoute méditerranéenne des communications.

En fait, la plupart des expulsés se sont quand même usés à revenir. Il y avait notamment un super violoniste, Nicky, un des fondateurs de Longo Maï. L’idée, c’était un peu de faire de la politique locale, de la « diplomatie », rencontrer les gens pour qu’ils nous voient, tout ça. On a joué pas mal dans des clubs de troisième âge, on a même appris un répertoire. On jouait dans pas mal de villages : Forcalquier et aux alentours, notamment à Villeneuve.

Il y avait une précaution qui était prise : on sait que s’il y avait un problème, on pourrait faire passer quelqu’un d’autre pour Nicky. Il se trouvait qu’à ce moment là, il y avait quelqu’un qui était plus jeune mais qui était à peu près de la même taille, blond aussi, mince. La seule différence c’est qu’il jouait pas au violon, mais il pouvait très bien porter un étui à violon. Quand les flics arrivent, tout le monde se retire un moment, et le temps que les flics arrivent sur la scène et tout, quelqu’un sort par derrière avec l’étui. C’était le faux Nicky. Les flics ont arrêté le faux Nicky, qui était en règle, et on sait plus ce qu’est devenu le vrai Nicky. Il a disparu pendant ce temps-là. Surtout, ce qui était significatif c’était le soutien des gens. Ils ne comprenaient pas ce que voulaient les gendarmes, ils disaient qu’ion faisait de la musique super !

Gérard et Alex