Histoires vraies de Haute-Provence

La maison en paille, par Nick

24 janvier 2021

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée le 13 mars 2018 à Longo Maï

Transcription de l’histoire audio

Une construction expérimentale en terre crue à Fatsa.

C’est intéressant cette maison en paille parce qu’on a construit ça en 1983 ou 1984 avec des réfugiés Turcs. En fait, Limans était la commune qui avait le plus haut taux de dépôts de demandes d’asile par tête d’habitant en France. Ça mériterait d’être vérifié.

Dans les années 1980, nous avons créé le Comité européen pour la défense des réfugiés et des immigrés (CEDRI) en Suisse, mais qui était aussi actif ailleurs. On a créé ça parce que nous avions notamment découvert cette réalité inconnue qu’il y avait des milliers et des milliers de réfugiés Kurdes ou Turcs qui avaient fui le putsch en Turquie en 1980. Ils étaient menacés et ont été en partie renvoyés en Turquie. Et j’étais a l’époque en Suisse, à Bâle où on a un bureau, et donc on a rencontré beaucoup de ces gens-là, nous avons pris leurs récits parce que c’étaient tous des militants qui étaient impliques dans des grèves, dans des actions, des militants d’extrême gauche on pouvait dire. C’est pour ça qu’ils étaient menacés.

Un certain nombre sont descendus ici, 20 ou 30 peut-être, je sais plus. Donc, des Turcs et nous on a créé ici un lieu sur notre terrain qui s’appelle Fatsa, c’est le nom d’une ville turque sur la Mer Noire où il y a eu parmi les pires opérations de répression et d’arrestations. Après, il y a eu un procès de masse avec 260 peines de mort réclamées.

Sur ce petit plateau, au-dessus de Grangeneuve sur notre terrain qui s’appelle maintenant Fatsa, nous avons construit une première maison en paille. On n’avait jamais fait ça avant, c’est une sorte de structure en bois assez légère. Maintenant les techniques de construction sont bien plus connues, c’était pas connu à l’époque et on ne savait pas très bien comment faire. Je me rappelle juste d’un truc assez rigolo. On arrivait bien à mettre la structure en bois et les bottes de paille. Après on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse un enduit là-dessus pour que ça tienne. On a dit qu’on allait mettre un grillage, et on a tendu ce grillage comme il faut, bien tendu. Et après, je me rappelle que j’étais avec un copain qui s’appelle Yost, qui était mon chef de bâtiment, et puis avec deux Turcs. Chacun avec sa taloche, on a envoyé l’enduit de toutes nos forces, et paf ! C’était tellement tendu ce grillage que ça nous est revenu dans la gueule ! Tous ! Parce que c’était pas assez liquide. On a quand même fini la maison. 

Nick