Histoires vraies de Haute-Provence

James Baldwin, par Alex et Nick

24 janvier 2021

Temps de lecture : 3 minutes


Une histoire collectée le 13 mars 2018 à Longo Maï

Transcription de l’histoire audio

James Baldwin (1924-1987)

Aux débuts de la radio, en 1984, James Baldwin sort Meurtres à Atlanta. C’était un ami à lui, par ailleurs patron de Playboy, qui lui avait dit : « Mais tous ces meurtres à Atlanta, faudrait faire quelque chose, une enquête. » Il y avait plein de jeunes noirs qui se faisaient tuer à Atlanta à la fin des années 1970. Il fait une enquête, il fait un bouquin, il sort le bouquin et il y a une version française qui sort. Il est donc en 1984 à Paris, où il a un attachement puisqu’il y était déjà dans les années 1950. On téléphone, la petite Radio Zinzine du fin fond de la Provence, et là je tombe sur l’attachée de presse des éditions Stock Chantal Lapicque, professionnelle très réputée qui avait perdu le goût et l’odorat suite à un accident d’escalier par ailleurs. Ça c’est une digression.

Je téléphone en disant : « Voilà Radio Zinzine, on est une radio sympa, on fait plein de trucs, on voudrait bien interviewer Monsieur Baldwin. » Elle répond : « Oui, oui… Ben quand on sera dans la région on vous fera signe… » Là je me suis dit : « Ça y est, elle s’est foutue de ma gueule, ok. On n’aura jamais d’interview de Baldwin. » Et six mois après, Chantal Lapicque téléphone, elle avait gardé le téléphone de Grangeneuve. Elle téléphone de Nice en disant : « Voilà, si vous voulez on est à Nice, vous voulez qu’on vienne vous voir ? » Super occase ! Et alors le mec il savait pas où il allait, dans quoi il allait, avec qui il allait.

À cette époque-là, certains d’entre-nous avaient appris à piloter. Ça c’est lié à toute une histoire d’implantation en Amérique latine, au Costa Rica. Enfin, il y avait à cette époque-là, on avait un peu de moyens, qu’apprendre à piloter c’était bien dans certaines circonstances. Du coup, à l’aéroport de Vinon, on avait un petit avion où paraît-il le réseau sécuritaire du coin repérait quand les gens de Longo Maï atterrissaient et décollaient. On ne passait pas inaperçu dans cet apprentissage. Mais bon, c’était avant que l’apprentissage des pilotes d’avion prenne une tournure dramatique. C’était avant les années 2000.

Donc Jacques, pilote du petit Robin, avion en bois et en toile mais qui vole bien, était ok pour qu’on aille chercher James Baldwin à Nice. On cause un peu à Nice avec lui, on comprend la moitié de ce qu’il dit parce qu’il parlait beaucoup avec des images, avec les gestes, avec toutes ses rides. On le lisait autant qu’on le comprenait. En tout cas, le courant passe, et il vient avec Chantal Lapicque. Les deux derrière dans le petit avion. Il avait vraiment peur de rien, il était émerveillé et donc on atterrit. Grangeneuve, première soirée au Ballantines jusqu’à 3 heures du matin donc c’était parti. C’est devenu un ami.

[Nick prend la parole] Après il y a des histoires dans les histoires. On se retrouve une fois ensemble lorsqu’il reçoit la Légion d’Honneur. Il y avait un espèce de réception à l’ambassade américaine et il nous a invités. Donc Alex et moi, nous y sommes allés et à ce moment-là il portait jour et nuit un pull de Briançon, de la filature. Il y a des photos de ça, j’espère qu’on les a toujours. Il avait pris un pull de femme qu’il mettait toujours. Il y avait une de ces horribles publications qu’on trouve dans mes hôtels de luxe, en papier glacé, et il y avait une photo de James Baldwin avec le pull de Longo.

Alex et Nick

L’entretien de Radio Zinzine avec James Baldwin en 1984 est à retrouver ici.