Histoires vraies du Haut-Jura

Le chevreuil fou, par Christophe

17 janvier 2021

Temps de lecture : 3 minutes

Une histoire collectée en octobre 2020 à Saint-Claude.

 

Transcription de l’histoire audio

Moi, je vais vous raconter une histoire qui nous concerne tous les deux avec Laure. Je suis né à Pontarlier, c’est dans le Haut-Doubs et on dit que c’est pas le Jura. Moi ça me fait marrer parce que je raisonne en massifs.

J’habitais à Bellecombe sur le plateau et Laure vit à Paris donc elle fait régulièrement les trajets : elle prend le train jusqu’à Bellegarde parce que c’est compliqué de venir depuis Paris jusqu’à Saint-Claude, puis d’ailleurs pour venir à Saint-Claude en train c’est compliqué tout court. Et donc en allant la chercher depuis Bellecombe, c’était au printemps, je descends et je me tape un chevreuil.

Il devait être 21h ou 22h le soir, un chevreuil qui arrive et qui se jette sous les phares de la bagnole. Enfin moi j’ai pas pu l’éviter, et puis après des copains charpentiers m’ont expliqué qu’au printemps ils mangent les jeunes pousses de sapins et ça les rend complètement fous ! Donc il s’est mis dessous et puis je pouvais pas aller chercher Laure à Bellegarde, donc j’appelle pour lui dire que je peux pas venir et de prendre un taxi.

Donc le taxi vient, amène Laure à l’endroit de l’accident, parce que la bagnole était morte donc je ne pouvais plus rouler. C’était un événement puisque le taxi n’avait jamais vu un chevreuil, et encore moins un chevreuil mort. Il voulait absolument voir où il est était et il me dit : « Hé ! Tu peux l’embarquer tu as le droit maintenant, faut plus demander l’autorisation aux gendarmes ! » C’était un truc assez rigolo, mais finalement on l’a laissé là et personne l’a embarqué. Le taxi nous amène un peu plus loin et on lui dit : « Après on va se débrouiller. » Lui il avait une autre commande, il venait d’Oyonnax et il nous dit qu’il nous laisse à Désertin, un espèce de no man’s land qui est au croisement de différentes communes : les Bouchoux, la Pesse. C’est les routes qui mènent à Bellegarde-sur-Valserine d’un côté, Oyonnax, et Saint-Claude de l’autre. On est à 1100 mètres d’altitude.

Il devait être une heure du matin et le taxi se barre. Je lui dis : « Vous inquiétez pas on appellera pour la suite, de toute façon on est assurés. On appellera l’assurance qui nous enverra un taxi. » Là on rappelle l’assurance, et en fait il n’y avait pas de taxis disponibles. Il est une heure du matin, on est à Désertin et on ne savait pas quoi faire. On commence à jouer parce qu’elle dit : « Je suis désolée, j’ai appelé tous les taxis du coin et il y en a pas ! J’ai fait Oyonnax, Bellegarde, Saint-Claude, il n’y a aucun taxi disponible. » Je dis : « Oui, mais on a payé ! » On surjoue parce qu’on se dit qu’elle est pas là et on dit : « En plus il y a le loup qui est pas loin » La dame dit alors : « Mais écoutez, je peux pas vous laisser comme ça. On reste au téléphone, je reste, je vous lâche pas au téléphone, vous me racontez ce qu’il se passe etc. »

À Désertin, il y avait une lumière qui est encore allumée vers une heure du matin, on se dit qu’on n’a pas le choix et qu’on va aller toquer à la lumière. Puis Laure qui venait de Paris me dit : « Mais non ! Il faut pas faire ça ! Ça se fait pas, surtout à cette heure-là, d’aller chez les voisins ! » Je me suis dit que j’allais pas me gêner pour aller toquer même s’il était une heure du matin. Je vais sonner et en fait on entend un chien qui répond hyper fort et puis personne : il n’y a eu qu’une réaction de chien et puis plus rien. En fait, on attend 10 minutes et là il y a quelqu’un qui sort, qui s’était rhabillé et qui dit : « Voilà je peux vous amener. »

Nous, on avait des copains à la Pesse donc le premier village qui était pas loin. Je lui demande de nous déposer à la Pesse et puis qu’on allait se débrouiller, on ira dormir chez nos amis ou ils nous emmènerons chez nous. Copains que j’avais pas pu joindre au téléphone, à une heure du matin ils répondaient pas. Et en fait, il nous a emmenés jusqu’à Bellecombe, depuis Désertin c’est une demi-heure en bagnole, enfin c’est pas à côté quoi. Et puis il nous a dit, c’est ça que je trouvais joli : « Voilà si on si on peut s’aider entre voisins on est mal barrés ». Donc il nous a emmenés jusqu’à là-bas puis il est rentré. En fait ce Monsieur, c’est la Piva, qui fait de la bière. C’était une très belle rencontre, complètement improbable.

Christophe