Histoires vraies du Haut-Jura

La diseuse de bonne aventure pour école de commerce, par Dominique

17 janvier 2021

Temps de lecture : 3 minutes

Une histoire collectée en octobre 2020 à Saint-Lupicin.

 

Transcription de l’histoire audio

La Diseuse de bonne aventure, Caravage, 1594-1595, musée du Louvre

C’est une histoire qui se passe au casino d’Évian, nous on est comédiens et on a un copain qui nous dit : « Je dois animer une soirée au casino d’Évian et du coup on va faire plein de stands de foire, mais à l’ancienne ». Donc il y avait un gars qui faisait photographe avec  des panneaux, tous les copains saltimbanques faisaient des trucs, c’était marrant ce décalage dans le casino. Et moi j’étais vachement enceinte, j’avais un bon gros bidon et je me dit que j’allais faire un truc peinard : je vais faire diseuse de bonne aventure. Je vais lire les lignes de la main. Donc je m’installe un petit truc hyper cocoon, bien chouette. Tu rentrais là-dedans, il y avait des tissus un petit canapé et tout.

J’étais prête à commencer et là il y a une femme qui arrive parce qu’en fait c’était une soirée pour des jeunes en études de commerce international, et j’ai compris que c’était la directrice du truc. Elle vient me voir et elle me dit : « C’est vrai que vous lisez dans les lignes de la main ? Parce que moi je lis sur les visages, et je voudrais savoir si c’est vrai. » Je répond : « Oui bien sûr, je lis vraiment dans les lignes de la main ». Elle me dit : « Ok ! Je vais passer en premier pour voir si c’est vrai. » Donc du coup elle passe en premier, je lui lis dans les lignes de la main, et bingo : ça la botte à fond !  Et du coup, toute la soirée, une file d’attente ! Tout le monde voulait passer et se faire lire les lignes de la main. J’avais absolument pas prémédité quoi que ce soit, mais je faisais enlever tous les bijoux au début pour avoir les mains nues, mais je le faisais sans aucune malice et sans aucune arrière-pensée, vraiment. C’était vraiment pour avoir les mains nues et je lisais dans les lignes de la main. Et donc il arrive plusieurs choses.

Il est arrivé que déjà, je regarde les lignes de la main de la personne et je dis : « Vous êtes sûr que vous voulez faire des études en commerce international ? Parce que franchement ça ne vous correspond pas du tout quoi… » En fait, quand tu vois plein de gens, puis tu touches leurs mains… j’avais potassé à fond, j’adore ça les bouquins de lignes de la main et puis un peu de psychologie. Donc je dis au gars « Mais vous êtes sûr ? » et il se met à pleurer, à fondre en larmes. Il me dit : « Non, je me sens pas bien du tout, c’est pas ça que je veux faire, je vais arrêter. »

Et puis à la fin moi j’étais hyper fatiguée, ils avaient tous démonté leur stand, c’était minuit et demi passé, j’étais bien enceinte et il y avait encore dix personnes à passer. Ils me disaient : « Mais non ! On n’a pas mangé, on veut absolument passer ! » C’était hallucinant quoi. À un moment j’ai quand même dit que j’arrêtais et là, il y a un monsieur qui vient me voir et il me dit : « Ma femme a perdu la bague que je lui ai offert, c’est une bague qui vaut cher. » Elle avait oublié de la reprendre en fait !  Et on a fouillé partout, et j’ai pas retrouvé la bague. Je me suis dit : « Mais purée, les saltimbanques dans le temps qui faisaient ligne de la main, j’ai fait intuitivement tout ce qu’ils faisaient quoi ! Enlevez vos bijoux, posez vos montres, ils oublient et puis toi tu les garde ! » Et voilà, donc je me suis dit que si jamais je suis dans la merde, que je sais pas quoi faire de ma vie et que j’ai besoin de gagner de l’argent, je peux faire diseuse de bonne aventure. 

Dominique