Histoires vraies de Haute-Provence

Je n’aurais pas dû naître, par Michèle

31 octobre 2020

Temps de lecture : 2 minutes


Une histoire collectée le 25 mars 2018 à Fontienne

 

Transcription de l’histoire audio

Quand je suis née je ne devais pas naître : pour le docteur, j’étais un fibrome. Les docteurs avaient dit à ma mère : « C’est un fibrome. Vous inquiétez pas, on vous opérera dans six mois. »

Et je suis née un dimanche 29 septembre. Ma mère, elle était allée au jardin. C’était fin d’été, ils ramassaient ce qui restait dans les jardins et elle avait énormément mal au ventre. Ma grand-mère, elle lui dit : « Rentre à la maison, je vais voir le docteur. » C’était un vieux docteur de Forcalquier, il n’avait jamais voulu faire d’accouchement ni rien parce qu’il avait peur du sang. Donc quand il est arrivé à la maison, moi aussi, j’arrivais par la même occasion. Il a failli tomber dans les pommes et ma grand-mère lui a donné deux paires de claques et lui a dit : « Débrouille toi, moi je peux plus rien faire, c’est ton métier. »

Il paraît que quand je suis née, j’étais tellement petite que je rentrais dans une boîte à sucre. Avant, dans les années 1960, personne n’avait le téléphone dans les maisons. Donc, je ne sais pas dans quoi il m’a mis, dans un linge et il m’a montée à la maternité.

Pendant ce temps, mon père, comme c’était un dimanche, il jouait aux boules et ma grand-mère, elle descend du deuxième étage, elle voit mon père et lui dit : « Ah ! il est pas pressé, le papa ! » Il la regarde et se dit : « Elle est fadade, la grand-mère… » parce qu’il était parti de la maison, y’avait rien et on lui dit qu’il est papa. Mais n’empêche il a monté les escaliers quatre à quatre pour voir : effectivement j’étais là.

On m’a amené à la maternité de Forcalquier et comme j’étais tellement petite, j’y suis restée deux mois. Ma mère, elle faisait des navettes entre la maison et la maternité, tout en préparant le mariage de ma sœur aînée, parce qu’on a 20 ans de différence. Donc, elle a dit : « Puisqu’on prépare le mariage, on fera le baptême en même temps. » Donc le jour où ma sœur s’est mariée, on m’a baptisée. On m’a appelée Michèle, parce que je suis née le 29 septembre, jour de la Saint-Michel. Comme je disais à ma mère : ç’aurait été Sainte Gertrude, c’était pareil !

Et ma sœur, elle, pendant ce temps que moi je naissais, elle était au cinéma avec son fiancé. On est venu la chercher, on lui a dit : « Au fait, tu as une petite sœur. » Elle avait répondu : « Ouais, ouais, ça m’étonnerait ! »

Et, ça avait fait le tour de Forcalquier et même des villages environnants jusqu’à Saint-Michel l’Observatoire, parce qu’on avait des parents qui habitaient là-bas. Donc on avait une tante qui faisait le crieur du village avec une crécelle. Elle annonçait les événements et quand on lui a dit, elle a annoncé à Saint-Michel l’Observatoire ma naissance dans tout le coin. Moi j’étais l’acteur principal… C’est tout ce qu’on m’a raconté…

Michèle