Le repas chez le curé n’exclut pas la crise de foie

5 décembre 2017

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Ça s’est passé dans les années 60, par un dimanche de printemps ou
d’hiver, ma mémoire n’a pas retenue ce détail. C’est le temps pas
toujours confortable de la décapotable du prolo, la 2CV ! En particulier
pour le 5ème passager. D’office la place arrière du milieu, sur la barre,
lui est attribuée. Évidemment comme je suis la plus jeune, c’est tout
naturellement que j’ai pu apprécier plus souvent qu’à mon tour la
froideur, la dureté de cette barre de métal sur mon popotin. A l’avant
dans la 2 CV, Joseph et Marie nous conduisent, les frangins m’encadrent
sur le siège arrière, Alain l’ainé et Francis le cadet, toujours prêts à
me faire  » pigner  » si l’occasion se présente. L’expédition ce
dimanche-là, nous amène à l’Ile d’Elle. En partant du Poiré sur vie,
80kms sur la barre, c’est long ! Nous sommes invités à déjeuner chez le
curé, il vit avec ma marraine, bonne du curé, c’est particulier !
L’occasion en tout cas d’un bon repas et bien arrosé. Elle est bonne
cuisinière, il apprécie ses petits plats, son embonpoint en témoigne. Le
presbytère est une jolie maison bourgeoise entourée d’un coquet jardin de
curé. A l’intérieur la frénésie des ménagères pour le formica n’a pas
encore contaminée le lieu. Des meubles en massif décorent un intérieur
simple et traditionnel vendéen, avec de beaux parquets parfaitement cirés
et briqués. Ce jour-là comme à l’accoutumé le repas est délicieux, des
fruits de mer, des langoustines avec une bonne mayonnaise, un petit
muscadet, une langue de bœuf sauce madère avec des champignons, riz,
salade du jardin, arrosé d’un Bordeaux de derrière les fagots, du
fromage, un baba au rhum, un digestif, Un vrai festin, et les garçons ne
sont pas privés de gouter les bons vins et de fumer une cigarette.
Francis n’a pas 10 ans et Alain, 3 ans de plus Alors, ce qui doit arriver
est arrivé ! Francis, le foie un peu fragile, a commencé à blêmir, et
avant que les adultes réagissent, tout est ressorti sur le parquet
éclatant et le tachant définitivement. Pour la marraine c’est évidemment
une catastrophe, elle sait que c’est un combat perdu d’avance. Les hommes
et en particulier le curé est rabroué comme le serait un époux, d’avoir
incité les enfants m¬les à boire et fumer. Joseph rigole en douce! Marie
est très g née pour son fils, et moi pour une fois, je suis contente de
ne pas suivre l’exemple de mon frère. Le curé philosophe, relativise
l’incident. Béni le parquet ! Une vraie crise de foi(e) !

Femme, 56 ans