Le sang du canard

5 décembre 2017

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Cette anecdote s’est déroulée dans les années 70. Notre cousin parisien
Alex nous a fait la surprise d’une visite en Vendée. Comme il est prêtre,
il se présente donc vêtu de sa soutane. Ma famille est un peu
impressionnée. Alex est un cousin éloigné et sa famille, très collet
monté, nous donne toujours à croire, de par leur attitude, que nous
sommes des aborigènes mal dégrossis. Pour l’occasion, ma mère décide tout
de même de cuire un canard, mais avant cela il faut le tuer et c’est mon
père qui fait office de bourreau. Nul ne peut dire pourquoi, toujours
est-il qu’Alex se propose pour tuer la bête. Mon père, de son côté,
anticipe-t-il une petite leçon à lui donner ? Il accepte et lui
recommande alors de tenir la bête bien serrée entre ses jambes, de lui
mettre la tête sur le billot et de la trancher d’un coup de hache. Voilà
tout ! Alex s’exécute mais personne ne l’a prévenu qu’il ne doit pas
relâcher sa prise trop tôt. Et c’est la catastrophe ! On assiste alors à
un spectacle hallucinant digne des films d’horreur dans la cour de la
ferme. Le canard sans tête lui a échappé, il se met à courir, le sang
gicle de son cou et Alex se lance à sa poursuite. Quand la bête finit par
s’écrouler, le tableau est saisissant pour nous les spectateurs :
figurez-vous un prêtre échevelé aux manches retroussées jusqu’aux coudes,
la soutane éclaboussée de sang, sur le visage et sur les mains et son
expression ahurie sur la hache qu’il tient encore. Voyons -nous à ce
moment-là un prêtre venant de commettre un crime abominable ? Toujours
est-il que nous éclatons de rire et ce rire n’en finit pas !

Douchka, 60 ans